Morgane Denzler
Sandra Lorenzi
Leopoldo Mazzoleni
Erwan Venn
SILENT FACES
curator : Julie Crenn
A thought that never changes
Remains a stupid lie
It’s always been just the same
No hearing, nor breathing
No movement, no calling
Just silence.
New Order – Your Silent Face [Power, Corruption & Lies – 1983).
Depuis la naissance jusqu’aux derniers jours de nos vies, nous compilons, conservons, classons et cachons précieusement les traces de notre passage. Vaines, mais vitales, ces archives personnelles et intimes racontent notre propre histoire : journaux, photographies, lettres, cartes postales, objets fétiches, livres. Elles nourrissent des albums, des boîtes, des disques durs, des cédéroms. Il nous faut absolument préserver et enregistrer ces documents qui finalement seront les témoins subsistants de notre histoire. Ils confèrent une matérialité et une réalité tangible à notre mémoire.
(Julie Crenn, translation FRANK’S)
+ Giulia Andreani
Peintre et historienne de l’art, Giulia Andreani (née en 1985, à Mestre, Italie) allie avec pertinence histoires et images. Depuis quelques années, elle constitue ce qu’elle nomme son « atlas », formé d’images glanées sur Internet, mais aussi de stills extraits de films italiens qui ont marqué le Néoréalisme Rose, de photographies d’archives de presse et d’autres images récupérées ou chinées. Plus étonnant, elle puise son inspiration dans la création moderne et contemporaine. Des images et des œuvres qu’elle réinterprète avec toujours une même palette chromatique, bleutée, grisée. Elle jongle entre figuration, flou, coulures délicates et effacements volontaires. Ses peintures recèlent ainsi de messages à décoder, de personnages à décrypter. Elles favorisent des associations culturelles, politiques, économiques induisant une critique acerbe de notre société.
Plus d’informations / http://giuliaandreani.blogspot.fr/
+ Morgane Denzler
Le travail photographique de Morgane Denzler (née en 1986, à Maisons-Laffitte) repose sur une réflexion sur l’histoire et la mémoire d’un lieu, d’un pays, d’une personne, d’un groupe. Elle part à la rencontre de paysages et de gens qui vont nourrir ses projets. À Beyrouth, elle chine des photographies sur un marché. Au départ, elle ne sait rien de ces images anonymes et silencieuses. Puis, elle réalise qu’elle est en train de constituer une collection de photographies pillées, arrachées à des familles libanaises. Qui sont ces gens ? Où se passent ces scènes ? Que veulent dire ces images ? L’artiste entreprend une investigation pour retrouver l’histoire de ces individus tombés dans l’oubli. Ses recherches se révélant infructueuses, elle choisit alors de contourner « la vérité » en s’entretenant avec des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. De nouvelles vérités éclosent, une reconstruction s’opère à travers la parole et l’image-puzzle.
Plus d’informations / http://www.morganedenzler.com/
+ Sandra Lorenzi
Les œuvres de Sandra Lorenzi (née en 1983, à Nice) découlent de questionnements philosophiques liés au corps, au temps et à l’espace. Elle crée des espaces de réflexion, d’initiation et d’expérimentation qui apparaissent comme le prolongement de ses questions. Collectio (2012- in progress) est une pièce évolutive, une collection de cartes postales rédigées et postées pendant la Première Guerre Mondiale. Des cartes trouvées sur des brocantes, que l’artiste lit avec attention, émotion, puis censure de manière froide et automatique. Recto : elle prélève toute forme d’iconographie renvoyant à la guerre (armes, bâtiments éventrés, ruines, individus blessés etc.). Verso : elle extrait les mots et les phrases faisant référence au conflit en cours (descriptions précises, blessures, opinions etc.). D’un simple coup de ciseaux, l’artiste gomme la violence et la dureté de la guerre. Elle engendre ainsi une réflexion sur la construction de l’Histoire (« que reste-t-il ? »), la recomposition de la mémoire et notre relation au temps.
Plus d’informations / http://www.sandralorenzi.com/
+ Leopoldo Mazzoleni
Depuis 2011, Leopoldo Mazzoleni (né en 1953, à Catane) travaille à partir d’une photographie. Une image, petit format, en noir et blanc, présentant un groupe de soldats italiens. Elle date de la Première Guerre Mondiale. Au milieu de ces hommes en uniforme, se trouve le père de sa compagne. Un homme, dont le corps et l’histoire se fondent dans le groupe. L’artiste s’emploie alors à révéler l’individu en extrayant les détails, témoins d’une individualité : les mains, les visages, les pieds, les corps. Tout ce qui, en dehors du vêtement commun, participe à la différence. Il procède à plusieurs interventions : dessinées et filmées. De manière quasi obsessive, il crayonne au stylo Bic les détails détourés de l’image. En désolidarisant les hommes, Leopoldo Mazzoleni, souhaite mettre en lumière les histoires individuelles noyées au sein d’une image qui, elle, traite d’une histoire, celle d’une guerre.
Plus d’informations / http://www.2248m2.com/2012/03/leopoldo-mazzoleni.html
+ Erwan Venn
L’ensemble de la pratique artistique d’Erwan Venn (né en 1967, à Rennes) repose sur une exploration mémorielle et sensible. Pour cela il questionne son éducation, ses fondations, ses références, tous les ingrédients d’une construction personnelle, intime. La série Headless est née d’une volonté de l’artiste d’entreprendre une archéologie familiale pour en décrypter les mécanismes idéologiques, ainsi que leurs inévitables incidences sur sa propre vie. Suite au décès d’une tante, il récupère une boite de négatifs, il les rassemble et les laisse de côté. Plus tard, il découvre un document daté de 1940 où il apprend que son grand-père a collaboré avec l’Allemagne nazie en vendant du vin aux soldats allemands installés en Bretagne. Un document à la fois terrifiant et déclencheur d’une recherche plus approfondie. Erwan Venn revient vers les négatifs photographiques, il les scrute avec attention, décode les indices (lieux, identités, évènements) et retrace ainsi le parcours de son grand-père.
Plus d’informations / http://www.erwanvenn.net/