ISABELLE FERREIRA – Unités Picturales

isabelle-ferreira-spaciocores-detail

Là où je dois peindre, j’écris un rectangle de la taille que je veux qui joue, pour moi, le rôle d’une fenêtre ouverte par laquelle regarder l’historia.

Leon Battista Alberti – De Pictura (1435).

 La production artistique d’Isabelle Ferreira s’articule sur l’histoire et la pratique de disciplines traditionnellement séparées que sont la peinture et la sculpture, toutes deux mises en relation avec l’architecture. Elle met en œuvre un engagement interdisciplinaire au moyen d’une pratique où les arts de la combinaison, de la couleur et de la mesure interagissent. Une complémentarité qu’elle met à profit au sein d’unités picturales aux principes minimaux et modulables. Des constructions où la frontière entre la sculpture et la peinture y est ténue car l’artiste s’emploie à la déplacer pour en proposer de possibles redéfinitions. Leon Battista Alberti considérait le tableau comme une fenêtre ouverte sur le monde. À partir de ce constat, Isabelle Ferreira a choisi d’enjamber le cadre afin d’examiner les porosités qui existent entre la planéité et la spatialité. Pour cela, elle puise dans les répertoires fondamentaux de chacune des disciplines afin de les questionner et de les bousculer. Elle examine plus particulièrement le volume, la surface et l’interdépendance de la matière avec le dessin de l’espace. Leurs essences respectives s’imbriquent, s’interrogent et s’ouvrent finalement à une réflexion plus large liée à la représentation et à la perception du monde. À travers ses paysages abstraits, elle architecture une mise en résonance entre le volume et la surface. Formellement, elle peut être considérée comme une artiste nourrie par certains mouvements historiques comme le Bauhaus et le minimalisme, tout en conservant, comme les abstraits américains, une approche plus sensible et empirique du matériau et de la couleur, En filigrane, elle poursuit une ligne directrice, celle d’étirer la peinture vers la sculpture et de sortir du cadre pour dialoguer librement avec l’espace. Chaque pièce nourrit une réflexion globale sur l’histoire de la peinture, son actualité et son devenir. Si elle explore la profondeur, le point de vue, le mouvement, le rythme et la densité, Isabelle Ferreira n’est pas peintre au sens classique du terme, elle s’octroie plutôt un statut transversal en inscrivant au cœur de sa pratique des problématiques picturales fondamentales : composition, surface, couleur, lumière et perspective.

Mulhacén, 2009
Contreplaqué, peinture acrylique, colle, dimensions variables.

Cobre

Cobre, 2011
Bois, acrylique, cuivre, plastique, 1.97 cm de hauteur, dimensions variables
La pièce tient en équilibre.

DSCN5412rsd1

Depuis 2006, l’artiste propose un dialogue avec l’espace qu’elle investit. Pour cela, elle travaille trois éléments : le matériau, la couleur et le lieu. Trois principes qu’elle combine au sein de dispositifs picturaux qui viennent contaminer, composer et rythmer l’espace. Les matériaux retenus sont produits de manière industrielle. Ils sont sériels, bruts, destinés à la construction et à une fonctionnalité déterminée : briques plâtrières, tasseaux de bois, tubes de cuivre, plastiques, panneaux de contreplaqué, peinture acrylique. Les couleurs sont vives et plurielles. La peinture est appliquée au pinceau ou à la bombe, elle recouvre une ou plusieurs facettes des briques, l’extérieur d’un coffre en bois ou des tasseaux dans leur longueur. Parce qu’elles n’apparaissent pas de manière systématique, les différentes teintes rythment non seulement les modules, mais aussi l’espace dans son ensemble. Une musicalité colorée et matérielle est révélée. L’artiste s’adapte à l’architecture du lieu, intérieure comme extérieure, en intégrant les matériaux propres aux bâtiments, ses proportions, son environnement, ses possibilités et ses contraintes. Elle se confronte à l’échelle du lieu en investissant les murs ou le sol, tout en générant une interaction entre l’espace intérieur et l’espace extérieur. Un dialogue rendu possible grâce à la mise en œuvre d’extensions matérielles, harmonieuses et vectrices de possibilités infinies. Elle invite le regardeur à une confrontation physique, visuelle et sensorielle avec ses constructions. Chacune d’entre elles nécessite une participation active du public afin qu’il puisse en apprécier et en découvrir la multiplicité des points de vue et l’étendue conceptuelle.

SpacioCorès

SpacioCorès, 2008
Briques plâtrières, peinture acrylique, tasseaux en bois, 11 x 11 m (121 m²)

391363_10151097012611349_1945285918_nimage-8 Site Internet de l’artiste : http://www.isabelleferreira.com/

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.