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Babi Badalov : Make riot not war
Une proposition de Julie Crenn
Fondation du Doute, Blois / du 7 février au 17 mai 2026

Plutôt la révolte que la guerre. Le moins que l’on puisse dire c’est que Babi Badalov n’a pas sa langue dans sa poche. L’artiste travaille les mots d’une manière radicale et poétique pour se jouer des langues (l’anglaise, parce qu’elle traverse la géographie, la russe aussi et parfois la française), les entremêler, et, le plus souvent, pour fabriquer de nouveaux mots. Il déploie une véritable poésie visuelle motivée par une confusion linguistique vitale. Au sein d’une de ses peintures sur textile, il se décrit ainsi : “Je suis 75% artiste, 25% poète, 75% visuel, 25% textuel, 50% réfugié, 50% français, 50% azéri, 50% talesh, 50% parisien, 50% nomade”.
A la Fondation du Doute, Babi Badalov trouve un écrin pertinent qui visibilise sa filiation avec la communauté internationale Fluxus. Par extension, la généalogie artistique s’étire aussi bien vers le mouvement Dada que vers les contre cultures underground. Les peintures de mots sur des tissus trouvés, les collages, les carnets dessinés et augmentés de documents, participent de ces héritages revendiqués avec joie. Né en 1959 en République d’Azerbaïdjan, l’artiste débute son parcours artistique en Russie, puis au Royaume Uni où il demande l’asile. Le refus l’oblige à revenir en Azerbaïdjan où il est menacé parce qu’il est queer. En 2011, il obtient l’asile politique et s’installe à Paris. Du fait de son parcours, Babi Badalov s’est heurté à un défaut de liberté fondamentale. Il n’est donc pas étonnant qu’il en fasse le sujet principal d’une œuvre prolifique qui parle aussi bien d’une révolte-résistance intime (la présence des textiles le manifeste avec force), qu’une prise de conscience plus globale. Sa poétique faussement absurde manifeste une pensée géopolitique, un positionnement sans compromis vis-à-vis de questions cruciales quant aux droits humains, aux systèmes de domination, aux migrations (subies et/ou choisies) ou à la liberté d’expression. Avec une économie de moyen stupéfiante, Babi Badalov pense le commun en liant la géographie, les langues, les cultures, les récits personnels et collectifs.

Babi Badalov : Make riot not war
Vernissage le 7 février 2026 à partir de 16h
Plus d’informations _
- Fondation du doute _ https://www.fondationdudoute.fr/
- Galerie Jérôme Poggi _ https://galeriepoggi.com/liste-artistes/babi-badalov/
PRESSE _