Une vieille femme assise sur un lit, un rideau qui vole au vent, une jeune femme nue, des mains livides, un miroir sans reflet, un lit défait… Les photographies d’Elise Boularan touchent au plus profond de notre sensibilité, de nos émotions et de nos souvenirs. Les couleurs surannées enchantent son univers traversé de mélancolie, de poésie et de désirs. Tantôt teintées d’une chaleur rassurante, tantôt froides et austères, les couleurs traduisent les mouvements des âmes. La nature aride et les intérieurs dépouillés sont les théâtres de figures humaines flottantes, désincarnées. De dos, têtes penchées, leurs corps sont troublés par des mouvements imperceptibles. Ils éprouvent leur solitude, ils sont comme retirés du monde réel. Ils ont atteint un ailleurs. Elise Boularan capture des sensations, des sentiments, des essences. Elle parvient à retenir l’âme de ses modèles. Les corps semblent errer entre présence et absence. Leur perdition est délicate, émouvante et témoigne d’une fragilité extrême.
Notre regard est troublé par la sensualité disséminée par ces hommes et ces femmes offrant des moments d’intimité pure. Ils se dévoilent avec une pudeur retenue. Dans la pénombre ou la lumière irradiante, la timidité s’estompe et la peau est sublimée. Les gestuelles sont discrètes, incertaines. Dans leurs bulles silencieuses, coupées du temps, les secrets sont comme percés à jour. Isolés du fracas du monde, les corps ici sont éphémères, frêles et plongés dans une réflexion profonde. Les portraits sont entrecoupés d’images d’objets, de lieux, de paysages. Des images sobres qui bouleversent notre mémoire, elles entrent dans notre propre histoire, notre expérience du monde. Elise Boularan tire sur le fil des souvenirs et des petits oublis.
Les photographies d’Elise Boularan portent une empreinte intemporelle, quasi irréelle. Les spectres qu’elle éveille et illumine semblent sortir de nos inconscients. Elise Boularan extrait les vulnérabilités, les failles afin de les transcender et de les transposer dans son univers pictural.
Pour en savoir plus sur le travail d’Elise Boularan, voir ici : http://www.eliseboularan.com/.