[EXPOSITION] TOUS, DES SANG-MELES /// MAC VAL

ARTISTES /

Soufiane Ababri, Mathieu Kleyebe Abonnenc, Lawrence Abu Hamdan, Adam Adach, Nirveda Alleck, Francis Alÿs, Giulia Andreani, Fayçal Baghriche, Sammy Baloji, Raphaël Barontini, Taysir Batniji, Sylvie Blocher, Martin Bureau, Ali Cherri, Claire Fontaine, Steven Cohen, Bady Dalloul, Jonathas De Andrade, Morgane Denzler, Jimmie Durham, Ninar Esber, Esther Ferrer, Karim Ghelloussi, Marco Godinho, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Mona Hatoum, Maryam Jafri, Katia Kameli, Jason Karaïndros, Bouchra Khalili, Kimsooja, Kapwani Kiwanga, Will Kwan, Lawrence Lemaoana, Mehryl Levisse, Violaine Lochu, Melanie Manchot, Lahouari Mohammed Bakir, Kent Monkman, Malik Nejmi, Nguyen Trinh Thi, Otobong Nkanga, Harold Offeh, Daniela Ortiz, Alicia Paz, Adrian Piper, Présence Panchounette, Pushpamala N, Athi-Patra Ruga, Zineb Sedira, Yinka Shonibare MBE, Société Réaliste, Tsuneko Taniuchi, Erwan Venn, James Webb, Sue Williamson, Chen Zhen.

Espace d’échange et de documentation réalisé par Fichtre.

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Dès le 22 avril 2017, le Musée d’art contemporain du Val-de-Marne présente « Tous, des sang-mêlés », une exposition collective qui propose d’explorer une notion tout aussi universelle que brûlante : l’identité culturelle. Cette proposition originale n’est pas sans faire écho à d’autres pistes de réflexion développées au MAC VAL depuis quelques années.

L’exposition s’ancre dans l’actualité pour aborder la question de l’identité culturelle au travers de visions et d’expériences d’artistes : Qu’est-ce qui nous rassemble ? Comment se construit une culture commune malgré des origines toujours différentes / diverses ? Ces interrogations, en effet, agitent le monde.

Sous le patronage conjoint de l’historien français Lucien Febvre et de son ouvrage Nous sommes des sang-mêlés : Manuel d’histoire de la civilisation française (1950), ainsi que celui de Stuart Hall, père fondateur des Cultural Studies, cette exposition souligne la dimension fictionnelle de la notion d’identité culturelle. Le parcours imaginé par les commissaires est nourri de propositions soulevant des questionnements et apportant des éclairages sur ce qui nous réunit et nous distingue, sur la transmission et le devenir, sur le pouvoir et la résistance, sur l’individualité et le collectif…

Par la voix d’une soixantaine d’artistes internationaux et d’une centaine d’oeuvres, les identités culturelles, nationales, sexuelles… sont autant de thèmes ici questionnés. Si tous ont l’être pour sujet, certains sont perçus comme manifestes, d’autres soulèvent le débat – souvent passionnel, résolument politique, et d’autres encore font surgir de la mémoire les traces du passé, émerger le sensible, l’expérience, l’existence même, allant de l’instinct de survie au vivre ensemble. Les œuvres réunies abordent ces thématiques à partir de situations vécues dans une optique d’échange et de dialogue. Si l’identité culturelle est une fiction, il s’agit de voir comment les artistes l’interprètent, l’interrogent, la remettent en question…en sortant de la perspective identitaire, trop souvent réductrice.
Comment se construit-on par rapport à la langue, au territoire, à la famille, à l’Histoire et sa narration, aux stéréotypes ? L’exposition met en espace des éléments d’un terrain du commun, où les altérités se déploient ensemble et en regard les unes des autres.

Chaque visiteur peut s’approprier, à travers l’histoire, la sensibilité, la parole et l’engagement d’artistes de tous horizons, âges et nationalités, des éléments de réflexion pouvant alimenter sa propre acception de la notion « d’Identité ».

Organisé au cœur même de l’exposition et pendant toute sa durée, le cycle « De quoi j’me mêle ? » propose un espace de rencontres, de discussions, de débats mais aussi de lecture ou de repos. Il s’agit de prendre le temps de penser ensemble ou dans le silence d’une réflexion solitaire, les enjeux soulevés par l’exposition et par la réalité du monde contemporain. Des voix singulières se feront entendre pour partager points de vue, expériences personnelles ou collectives. Ces rencontres, programmées par l’ensemble des personnes qui ont collaboré à la mise en oeuvre de l’exposition, sont gratuites et ouvertes à tous, les dimanches 30 avril, 7 mai, 14 mai, 21 mai, 28 mai, 4 juin, 11 juin, 18 juin, 25 juin, 2 juillet, 9 juillet, 27 août et 3 septembre, à 16h.

Commissariat
Julie Crenn et Frank Lamy

Assistés de Julien Blanpied et Ninon Duhamel

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TEXTE DE L’EXPOSITION /

L’identité serait en crise. Le constat semble intemporel et transhistorique. Les questions demeurent les mêmes. Qui sommes-nous ? Comment nous définissons-nous ? Par rapport à quoi ? À qui ? L’Autre ? Qu’est-ce qui nous définit ? Qu’est-ce qui nous rassemble et nous sépare ? Comment età partir de quels éléments se construit une identité culturelle ? Quelles représentations lui donner ? Comment en parler ?

En pleine période électorale, dans un contexte politique instable et peu rassurant, l’exposition « Tous, des sang-mêlés » interroge les problématiques inhérentes à ce que peut recouvrir l’identité culturelle. Il s’agit donc de réfléchir ensemble, de confronter nos points de vue, nos subjectivités, afin de formuler, par des choix critiques et plastiques, des constats, des interrogations, une rencontre, une conversation. L’exposition explore différentes notions, celles des territoires, des frontières, des cartes, des nations, des communautés, des appartenances, des langues, des drapeaux, des couleurs de peaux, des stéréotypes, des symboles et des traditions. Des notions qui sont chaque fois mises en perspective de l’Histoire, de son récit et de ses traductions visuelles, sonores et matérielles. Des notions qui participent et nourrissent le bien commun abordé sans amnésie ni hypocrisie.

L’exposition s’impose alors comme une réaction critique et sensible face aux discours moisis, réactionnaires, communautaristes et méprisants, des discours politiques incarnant la peur, la haine, l’exclusion et le repli. Elle réunit les œuvres de 60 artistes, français et internationaux, qui, chacun à sa manière, approche l’Histoire (personnelle et collective), la mémoire, les archives, la traduction, la fouille ou encore la réparation. À chacun.e de créer son parcours, de construire son histoire à travers une exposition protéiforme formée de photographies, de peintures, d’installations, de vidéos, de sculptures et bien d’autres mediums. Ici, pas de parcours autoritaire, pas de hiérarchie, bien au contraire, l’exposition se veut être une promenade critique, poétique et métaphorique à travers des problématiques qui à la fois enrichissent et polluent notre histoire. La cohabitation des oeuvres crée des écarts, qui, selon François Jullien, sont les lieux de l’invention, de la critique et du politique. En effet, si les oeuvres touchent les questions du vivre ensemble, du bien commun, de ce qui nous rassemble, elles se confrontent également à la violence de l’histoire coloniale, aux ségrégations et aux multiples exploitations.

Nous nous refusons à un propos bien-pensant, naïf ou utopique, « Tous, des sang-mêlés » prend le risque de se cogner à l’Histoire, à ses récits, à ses oublis, à ses traductions, pour mieux appréhender la situation actuelle, pour tenter de comprendre un retour au désir collectif de repli, de défense d’une identité qui serait devenue nationale. Aux tentations communautaristes, à l’universalisme, à la culpabilité ambiante et aux valeurs dangereusement moralistes, nous préférons le dialogue, le métissage, les frottements, la prospection, les différences et les croisements. Achille Mbembe écrit que « nous sommes tous des passants », des individus ou bien des groupes en mouvement. Selon nous, l’identité culturelle est une construction, un concept qui se performe. Parce qu’elle se transforme au fil des expériences, l’identité culturelle est mouvante, poreuse, créolisée. Nous sommes tous des passants, des migrants, des métis, des hybrides, des étrangers, des constructions, des êtres en Relation. Tous, des sang-mêlés. »

Julie Crenn & Frank Lamy
Commissaires d’exposition

To Breathe – The Flags, 2012, Single channel video, 40:41 min. loop, silent, Courtesy of Kimsooja Studio

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ENGLISH /

Identity is in crisis. This statement seems to run through time and history. And the questions remain the same. Who are we? How do we define ourselves? In regard to what? To who? To The Other? What defines us? What connects and separates us? How do we build a cultural identity and from which elements? How do we represent it? How do we talk about it? In the midst of a campaign period as well as an unstable and hardly reassuring political context, “Tous, des sang-mêlés” (All, mixed-bloods) investigates the inherent issues of what cultural identity means. With this exhibition, our goal is to think together, confront our point of views and subjectivities in order to bring forward analysis and interrogations through critical and plastic proposals, as well as foster encounter and dialogue.

The exhibition explores various notions like those of territories, frontiers, maps, nations, communities, belonging, languages, flags, skin color, stereotypes, symbols and traditions. Each time, these notions are put in perspective with History, the way it is told as well as its many visual, sound and material transcriptions. These notions take part and enrich our thinking of the common good, tackled without amnesia or hypocrisy.
This exhibition therefore stands as a critical and sensitive reaction to outdated, reactionary, communautarian and contemptuous discourses of fear, hatred, exclusion and isolation. It gathers the works of 60 French and international artists who, their own way, tackle the topics of (private or collective) History, memory, archives, translation, excavation or restoration. Each visitor is invited to have his own experience and write his own story through a multifaceted exhibition that features photography, painting, installation, video, and sculpture as well as other media. Here there are no directions or hierarchy, since the exhibition on the contrary intends to offer a critical, poetical and metaphorical walk through issues that both enrich and taint our history. The cohabitation of artworks creates gaps, which, according to François Jullien, are the places where invention, critical judgment and politics happen.

Indeed, while our selection of artwork raises the question of how to live together, of the common good, and of what connects us, it also has a look at the violence of colonial history, at ségrégations as well as other forms of exploitations. In that regard, we refuse all right-minded, naïve and utopic approach. “Tous, des sang-mêlés” (All, mixed-bloods) takes the risk of confronting history, its discourses, its memory lapse and its translations to better grasp the current situation and try to understand a collective desire to withdraw into one’s community and defend an identity became national. We choose dialogue, melting pot, frictions, prospection, differences and interbreeding over the communitarian temptation, universalism, a prevailing feeling of guilt and dangerous moralistic values. Achille Mbembe wrote that “we are all passers-by”, moving individuals and groups. We are all passers-by, migrants, mixed-race, hybrids, foreigners, works in progress, and related beings. All, mixed-bloods.

Julie Crenn and Frank Lamy
Curators

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VUES EXPOSITION / [Crédits photos : Aurélien Mole]

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Tous, des sang-mêlés

Exposition collective
Du 22 avril au 3 septembre 2017
Vernissage vendredi 21 avril 2017, à partir de 18h30

MAC VAL

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PRESSE ///

  • L’HUMANITE , juin 2017 :

– MOWWGLI.COM, Août 2017

 

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