ALEXANDRA KAWIAK /// RITA.

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La jeune artiste, Alexandra Kawiak, s’est intéressée à l’univers des salons de coiffures afro et a présenté entre novembre et décembre 2008, son exposition personnelle Come As You Are Not à la galerie Frédéric Lacroix. Une œuvre surprenante y figure, Rita (2008), une sculpture composée d’un mannequin socle et de cheveux synthétiques. Une silhouette de femme est reconnaissable, son corps et son visage sont totalement recouverts de longues tresses de cheveux noirs. La masse de tresse prend la forme d’une burka, vêtement religieux associé aux femmes afghanes. L’œuvre procède à un retournement visuel et culturel. La chevelure, objet sacré devant être enlevé aux yeux des hommes dans la culture islamique, est ici exacerbée et prend la forme de l’objet dissimulateur : la burka. Ce qui doit être caché est montré.Le fait de volontairement choisir de longues tresses noires, ce que le spectateur associe immédiatement à la culture africaine, vient d’une rencontre de l’artiste avec une coiffeuse malienne, Rita. Au cours de ballades dans le quartier dit Africain de la capitale française, Château d’Eau, Alexandra Kawiak s’est intéressée aux nombreux salons de coiffures afro. Ce qui frappe le passant, ce sont ces tas de cheveux coupés étendus sur les trottoirs. Le salon de coiffure afro est bien plus qu’un simple salon de coiffure, c’est un lieu où les femmes se retrouvent pour échanger, manger, s’occuper d’elles. Un espace intergénérationnel au sein duquel les femmes parlent de leurs préoccupations, du quotidien, elles parlent des femmes. Kawiak y a rencontré Rita, lui a exposé son projet et elles l’ont co-réalisé. Après avoir voyagé en Afrique du Sud, Au Maroc, au Zimbabwe et en Tunisie, la jeune artiste, imprégnée de ses expériences a voulu réfléchir sur la vie des femmes immigrées installées en France. Elle dit : « Le mix de mes voyages et préoccupations, a abouti au désir de travailler avec les femmes immigrées vivant a paris, sans papiers et dans des situations difficiles,psychologiquement surtout. Habitant à paris et nostalgique des ambiances de ce qu’on appelle l’Afrique. » Sans visage, réduite à sa chevelure, la femme Rita de Kawiak parle de la « perte totale d’identité ». Elle renvoie aux dogmes extrêmes religieux, au patriarcalisme et à la censure du genre féminin. Les tresses comme symbole de l’Afrique se retrouvent dans les travaux de nombreux artistes (Occidentaux et extra Occidentaux). Elles sont en lien étroit avec l’intimité et les femmes, comme nous l’avons vu avec Rita de Kawiak, les tresses plongent le spectateur dans le monde des femmes Noires, celui de leur quotidien et de leurs préoccupations. Les cheveux sont pour elles un signe extérieur d’élégance, mais aussi de fierté culturelle.

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