L’œuvre dessinée de Vincent Broquaire formule des rapports entre la nature et les nouvelles technologies, au centre desquels l’Homme s’impose comme le grand décideur et le grand manipulateur. Le paysage joue un rôle moteur dans son œuvre, il y est considéré comme une construction technique que l’Homme transforme au grès de ses besoins et de ses caprices. L’artiste construit ainsi une vision critique, nourrie d’ironie et de poésie, portée sur l’Homme et son besoin insatiable de contrôle de son environnement. Il analyse les mécanismes d’un système permettant à « l’Homme de jouer à Dieu ». Un système traduit par le dessin, où le réel et la fiction d’entremêlent.
Pour sa troisième exposition personnelle à la XPO Gallery, Vincent Broquaire repousse les limites de ce jeu en nous invitant à observer et à expérimenter la création de l’univers. Le paysage terrestre s’étend à la matière noire. Par le dessin et l’installation vidéo, il travaille le concept de Cosmogology, un terme qui hybride à la fois les champs de la cosmogonie et de la cosmologie. Si les deux disciplines traitent de l’histoire de la création du monde, elles empruntent deux chemins différents pour la retracer. La cosmogonie repose sur les mythes et les légendes générés en partie par les religions, tandis que la cosmologie, science affilée à l’astrophysique, établit l’origine de la création du monde à partir de recherches et de preuves scientifiques. Ainsi, le mythe et la science fusionnent en un seul territoire : celui du dessin. Vincent Broquaire fait dialoguer les champs opposés pour produire une nouvelle histoire, un nouveau point de vue. Au mur, les dessins sur papier attestent d’un ordre logique, d’une évolution qui débute avec le Big-bang vers la création d’un système planétaire. L’artiste égraine les différentes étapes de la relation entre l’humain, la matière noire et la constitution de l’univers : l’observation, le déplacement, la manipulation, l’exploration et la colonisation. Une plongée cosmographique amplifiée par un environnement sonore spécialement produit par Paul Souviron qui hybride des sons de l’espace enregistrés par la NASA, des sons issus de catastrophes naturelles et des sons synthétiques. Peu à peu nous pénétrons la matière noire que l’Homme sonde d’abord par son propre corps, puis par la machine. Les dessins soulignent un instinct de domestication et de supervision. Les avancées scientifiques permettent un assujettissement du corps et de l’environnement, proche et lointain. Et ce jusque la course des étoiles, puisque l’artiste nous invite à poursuivre la conquête spatiale en nous allongeant sur des coussins disposés au sol. Au plafond, une constellation est projetée. Sur un fond noir, les étoiles sont reliées entre elles par des liens, des fils sur lesquels des êtres humains déambulent. Ils passent d’une étoile à une autre pour en vérifier le bon fonctionnement dus système : niveau de scintillement, fluidité du déplacement et cohabitation. L’effet est totalement maitrisé. Vincent Broquaire fait du paysage, terrestre ou extraterrestre, un décor perfectible en fabrication constante. L’Homme, armé de ses appareils, module, déplace, amplifie, maintient, dévoile, augmente ou supprime chaque élément de son propre décor. Avec un regard à la fois conscient et décalé, Vincent Broquaire manipule l’espace de plus en plus réduit entre le réel et la (science)fiction.
English version /
The body of work drawn by Vincent Broquaire expresses relationships between nature and new technologies, at the center of which Man imposes himself as the great decision maker and manipulator. Landscape plays a driving role in his work, it is considered as a technical construction that Man transforms according to his needs and whims. The artist thus builds a critical understanding, fed with irony and poetry, of Man and his insatiable need to control his environment. He analyzes the mechanisms of a system allowing “Man to play God.” A system translated by drawing, where the real and the fictional merge.
For his third solo exhibition at XPO Gallery, Vincent Broquaire stretches the limits of this game by inviting us to observe and to experiment the creation of the universe. The terrestrial landscape extends to dark matter. Through drawing and video installation, he works on the concept of Cosmogology, a term which hybridizes at the same time the fields of cosmogony and cosmology. If both disciplines deal with the history of the creation of the world, they take two different paths to recount it. Cosmogony rests on the myths and legends created in part by the religions, whereas cosmology, a science affiliated with astrophysics, establishes the origin of the creation of the world, based on scientific research and proofs. Myth and science thus merge in a single territory: that of drawing. Vincent Broquaire makes opposing fields dialogue in order to produce a new history, a new point of view. On the wall, the drawings on paper show a logical order, from an evolution which begins with the Big Bang towards the creation of a planetary system. The artist recalls the different stages of the relation between the human, dark matter, and the constitution of the universe: observation, displacement, manipulation, exploration and colonization. A cosmographic and deep journey amplified by a sound environment specially produced by Paul Souviron, which merges space sounds recorded by NASA, sounds coming from natural disasters and synthetic sounds. Little by little, we penetrate dark matter which Man probes first with his own body, then with machines. The drawings underline an instinct for domestication and supervision. Scientific advances permit mastery of the body and of the immediate and wider environment. And that includes the path of the stars, since the artist invites us to continue the space conquest by lying down on cushions arranged on the floor. On the ceiling, a constellation is projected. On a black ground, the stars are linked together by connections, wires on which human beings meander. They go from one star to another in order to verify the correct functioning of the system: the level of twinkling, the fluidity of motion and cohabitation. The effect is completely mastered. Vincent Broquaire makes landscapes– earthly or extraterrestrial, a perfectible décor constantly produced. Armed with his apparatuses, Man modulates, displaces, amplifies, holds, unveils, increases or suppresses each element of his own décor. With a gaze that is at the same time both conscious and off the wall, Vincent Broquaire manipulates the smaller and smaller space between the real and (science) fiction.
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Exposition Cosmogology
Vernissage le 11 décembre 2014
+ XPO GALLERY / http://www.xpogallery.com/
++ VINCENT BROQUAIRE / http://www.vincentbroquaire.com/
+++ PAUL SOUVIRON / http://paulsouviron.net/