
Transmissions-Myriam-Mihindou-grès-chamotté-et-cordes-de-chanvre-2018-COURTESY-GALERIE-MAÏA-MULLER-©-C.-BARAJA-–-E.-TOUCHALEAUME.-ARCHIVES-GALERIE-54-PARIS-2019
Myriam Mihindou
Transmissions
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La fabuleuse mélopée (les étoiles les étoiles !) de fumée sans étai ni bord
Loin de nous savant qui ne divague ni ne rue,
Bien loin de nous qui prétend à fonction et glose.
Branchage. Dévolée racine.
Édouard Glissant, Les Grands Chaos (1993).
Myriam Mihindou place son corps au cœur d’une pratique artistique protéiforme. De la performance à la sculpture en passant par le dessin ou la vidéo, le corps est l’outil, l’élément qui connecte, qui communique, qui transmet. Elle entretient une relation forte avec le Vivant qu’elle nomme « le grand corps » : celui de la nature, des êtres vivants compris comme un tout, un corps pluriel libéré des contraintes de hiérarchies et de dominations. La terre, l’eau, le fil, les végétaux, le bois, les minéraux, le verre, le métal, la glace, le vent sont les matériaux à partir desquels l’artiste donne une traduction plastique à une relation et à une compréhension du grand corps. Alors qu’elle est en résidence à Vallauris en 2017, Myriam Mihindou s’imprègne de l’histoire du lieu, ainsi que des techniques liées aux arts de la céramique. Au fil des semaines, elle réalise des hampes modelées en grès chamotté blanc et rehaussées d’émaux colorés. Entre la liane, le tubercule, le serpent ou la lave, les hampes (suspendues à des cordes de chanvre ou sur les branches d’un arbre) apparaissent comme des membres, des corps, tous différents, des organes dont les origines pourraient être plurielles. Des corps-rhizomes qui vont permettre une connexion (physique, sonore, mémorielle), d’un corps à un autre, vers un autre. À propos des rhizomes, Gilles Deleuze et Félix Guattari écrivent : « N’importe quel point d’un rhizome peut être connecté avec n’importe quel autre, et doit l’être. […] Un chaînon sémiotique est comme un tubercule agglomérant des actes très divers, linguistiques, mais aussi perceptifs, mimiques, gestuels, cogitatifs : il n’y a pas de langue en soi, ni d’universalité du langage, mais un concours de dialectes, de patois, d’argots, de langues spéciales. […] C’est seulement quand le multiple est effectivement traité comme substantif, multiplicité, qu’il n’a plus aucun rapport avec l’Un comme sujet ou comme objet, comme réalité naturelle ou spirituelle, comme image et monde. […] Il n’y a pas de points ou de positions dans un rhizome, comme on en trouve dans une structure, un arbre, une racine. Il n’y a que des lignes. »
Le titre de l’œuvre, Transmissions, convoque les connexions, visibles, invisibles, sensibles, métaphoriques, audibles ou inaudibles entre les êtres, entre les histoires. Le corps, constamment à l’œuvre dans la pratique de Myriam Mihindou, participe d’une contamination et d’un rayonnement vis-à-vis du grand corps. La fabrication et la mise en espace (en contexte) des corps-rhizomes attestent d’une conscience névralgique d’appartenir à un ensemble, à un héritage pluriel, une mémoire collective traversée de langages, de cultures, de gestes, de mythologies, de traumatismes, de beautés, de paysages, de rituels et de traditions. Les corps-rhizome lient les mémoires individuelles pour générer une transmission collective, un prolongement, un passage dans le temps et dans l’espace.
Crédits images / Transmissions-Myriam-Mihindou-grès-chamotté-et-cordes-de-chanvre-2018-COURTESY-GALERIE-MAÏA-MULLER-©-C.-BARAJA-–-E.-TOUCHALEAUME.-ARCHIVES-GALERIE-54-PARIS-2019.
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Myriam Mihindou / Transmissions
Du 1er juillet au 30 septembre 2019.
FRICHE DE L’ESCALETTE
Parc de sculpture et d’architecture légère
Route des Goudes, impasse de l’Escalette
13008 Marseille
contact@friche-escalette.com
Visite gratuite par groupes de 15 personnes
Ouvert du 1er juillet au 03 septembre 7 /7 jours — 4 visites par jours
Ouvert les week-ends de septembre : 9,10,16,17, 23, 24, 30 septembre ainsi que le 01 octobre.
ACCÈS
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- En voiture,
Face au port de l’Escalette,
portail en bois au fond de l’impasse.
- En voiture,
CONTACT GALERIE 54
Hôtel Martel
10, rue Mallet-Stevens
75016 Paris
T + 33 1 43 26 89 96
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