Thibault Brunet, série Boîte noire tapisserie #3, 2020, courtesy Galerie Binome
édition de 5 (+2EA) – 123 × 158 cm
tissage mécanique par l’atelier Néolice – Pixel Point sur métier Jacquard en fils de laine – 7 couleurs
Dans ce troisième volet de la série Boîte noire, Thibault Brunet construit un échange inédit avec le savoir-faire traditionnel de la tapisserie Jacquard. Première machine programmée par l’utilisation de cartes perforées, le fameux métier à tisser Jacquard mis au point en 1801 par le Lyonnais du même nom est considéré comme l’ancêtre de l’ordinateur, outil de prédilection de l’artiste. Les tapisseries de Thibault Brunet sont réalisées sur des métiers Jacquard, nouvelle génération. Il travaille avec l’atelier Néolice à Felletin, haut lieu des manufactures d’Aubusson, qui a développé le point d’Aubusson numérique. Il y a une quinzaine d’années, un professeur de l’ENSA, voyant les ateliers de tapisseries de la Creuse fermer les uns après les autres, a eu l’idée de ramener de Lyon un métier Jacquard qu’il a fait évoluer à son tour en l’associant avec des applications spécifiques. Néolice poursuit ainsi la tradition du tissage tout en permettant d’accéder à la révolution numérique, en substituant notamment le dessin numérique au traditionnel carton dans l’étape essentielle de traduction de l’œuvre première, et notamment dans l’interprétation de la variation chromatique du fichier photographique en une sélection de 7 ou 8 fils de couleur. Pour les bâtiments en ruine de Boîte noire, modélisation 3D des vues prises dans les rues de Damas et d’Alep, l’adéquation du point de tapisserie avec la trame du pixel développe un dialogue étonnement fusionnel entre l’image digitale et son support. Un lien d’autant plus sensible que l’origine de la bourre, matière première utilisée par les filatures d’aujourd’hui provenait essentiellement de Syrie, avant que les filières d’approvisionnement ne souffrent des conséquences de la guerre.
Thibault Brunet, série Boîte noire, tapisserie #1, 2020, courtesy Galerie Binome,
édition de 5 (+2EA) – 123 × 158 cm
Galerie Binôme, Paris