
Mathilde Caylou _ Des Grandes terres aux parterres
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Les œuvres de Mathilde Caylou résultent d’une observation sensible et physique du vivant. C’est par une approche de terrain, qu’elle prête une attention particulière à la conception des écosystèmes, à l’occupation des sols, à l’organisation de la coexistence des êtres humains et non humains. Imprégnée depuis longtemps des mondes paysans, elle est à l’écoute des pratiques et raisonnements de celles et ceux qui appréhendent les sols quotidiennement. En ce sens, elle collabore régulièrement avec des paysan.nes qui sont, du fait de leurs activités, les artisan.es des territoires ruraux. Du découpage géométrique des sols aux plantations d’arbres ou de céréales, en passant par les pâturages herbagers ou les vignobles, ielles entretiennent, organisent et façonnent les biotopes qu’ielles habitent. Alors, le sol devient un point d’ancrage et de connexion entre les territoires arpentés. Les œuvres portent les empreintes de sols prélevés et augmentés par le travail du verre. D’une manière quasi exclusive, Mathilde Caylou travaille en effet une matière terrienne qui provient directement du sol. Le verre, à la fois fragile et solide, lui permet de transformer les réalités de lieux dont elle nous transmet les topographies et les histoires. Son souffle et ses gestes s’incorporent à la matière translucide. Celle-ci transporte les lieux prélevés dans un espace mental, organique et poétique où se déploient nos propres imaginaires nourris de terre, d’air, d’eau et de feu.
Mathilde Caylou agit dans le lieu qu’elle choisit d’expérimenter physiquement. Lors de sa résidence à Vénissieux, elle est d’abord déconcertée par le contexte urbain. Elle prend rapidement conscience de l’importance donnée par la ville aux espaces verts. Le sol est envisagé comme l’étendue commune qui relie l’urbain au rural. L’artiste s’est ainsi intéressée aux multiples relations qui existent entre les humain.es et les êtres végétaux. Dans un contexte citadin, elle a rencontré différent.es acteur.trices d’une végétalisation des espaces urbains : les habitant.es, les paysagistes et les jardinier.ères qui entretiennent et prennent soin des espaces verts, ou encore les membres des associations des jardins ouvriers et partagés. Elle se rend dans les serres municipales et y découvre des arbustes et autres végétaux en culture qui vont aussi bien être plantés dans la ville, ou placés d’une façon plus ornementale dans les bureaux et les cérémonies officielles. Mathilde Caylou fouille aussi les archives municipales pour comprendre le fonctionnement des espaces verts. Elle établit également un inventaire des plantes rudérales qui participent à une végétalisation non maîtrisée des espaces. Au-delà de la ville, de ses potagers, des espaces aménagés et des parterres fleuris, elle s’est rendue aux Grandes Terres, un espace agricole protégé situé à proximité du centre de Vénissieux. Elle rencontre les paysan.nes qui y travaillent les sols pour y faire pousser une autre catégorie végétale, à savoir les plantes nourricières. Au fil de sa recherche, l’artiste échange avec un ensemble de personnes afin de pouvoir recueillir des gestes, des comportements, des choix et des manières de penser les relations humaines au monde végétal. Du rôle politique au rôle social des plantes, Mathilde Caylou en cartographie les réalités et les usages. Elle observe et identifie progressivement les plantes sociales, les plantes ornementales, les plantes rudérales et les plantes nourricières. Quatre familles végétales qui cohabitent sur un même territoire et qu’elle incorpore à la conception des nouvelles œuvres présentées au centre d’art.
Des parterres fleuris aux champs de céréales, Mathilde Caylou explore le mouvement végétal selon différentes échelles et pratiques. Les acteurs et les actrices de ce mouvement collectif portent un même souci envers les sols et la végétalisation d’un écosystème mouvant parce qu’il est en constante redéfinition. En ce sens, les questions de la transposition et de la transformation plastique des lieux sont au cœur de sa démarche artistique. Les œuvres modifient nos comportements et nos rapports de perception en nous situant, par exemple, sous le sol. C’est l’ensemble du vivant qui y trouve une traduction lumineuse et transparente : des gouttes de pluie, des épis de blé, de la terre, des herbes folles, des racines, de la glace ou encore du bouillard. Les œuvres, pensées comme des installations ou plus exactement des objets de contemplation comme le précise l’artiste, nous engagent physiquement. Elles nous invitent à prendre le temps de nous immerger dans la matière et dans ces lieux prélevés. Les éléments rhizomatiques, des racines et des branches, portent des mouvements alliant non seulement les terrestres (tous les êtres qui habitent la Terre sans distinction d’espèce), mais aussi les espaces souterrains et les espaces célestes. Entre plongée, suspension et élévation, les œuvres de Mathilde Caylou transcendent les réalités des lieux pour nous mener vers d’autres champs de réflexion. Chacune d’entre elles est un écosystème à part entière. Un monde nouveau. Il n’est alors pas impossible de formuler des récits issus de spéculations narratives, et de repousser davantage les frontières de nos imaginaires anthropocentrés. Aux dimensions poétiques et narratives des œuvres, s’ajoute une portée politique. Elles peuvent en effet être envisagées comme les archives extrêmement vulnérables d’un monde vivant qui l’est tout autant. Ici, tous les fragments du vivant sont moulés, soufflés et figés dans le verre, et se présentent à nous de façons évanescente et fantomatique. La fragilité terrestre sous-tend les gestes et les intentions de Mathilde Caylou qui nous invite subtilement à penser nos relations à nos écosystèmes respectifs, aux interdépendances et aux manières dont nous nous affectons chacun et chacune.
VUES EXPOSITION ///








Mathilde Caylou
Des Grandes Terres aux parterres
Vernissage le vendredi 13 mai 2022 à 18h30
Exposition du 14 mai au 2 juillet 2022
Mathilde Caylou / http://mathildecaylou.com/fr/
INFORMATIONS PRATIQUES![]() |
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â âBonjour,
ma création de feu m’a obligé à travailler en périphérie des lieux d’art pendant plusieurs années.
Cependant depuis la parution de mon ouvrage a fresco en 2017, j’ai entamé un cycle d’exposition.
Je prépare ma prochaine exposition Toucher l’infini,5 cet à Caen à l’église St Nicolas, soutenue normalement par le Conseil Régional et la Ville de Caen. Voir petit dossier joint.
Je ne sais si cela vous dit d’écrire quelque chose à ce propos, avant ou à partir de l’exposition.
Je peux vous envoyer mon ouvrage a fresco.
Belle journée,
Elisabeth Leverrier
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Elisabeth Leverrier
Artiste
France, Normandie
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