[EXPOSITION] LES MEUTES / Henri Cueco & Edi Dubien /// Transpalette – Bourges


L’exposition LES MEUTES est dédiée à nos espèces compagnes adorées :

A K-Bull & Egonne.

A Garance, Benoit, Betty, Monsieur Francis, Disto, Qwerty, Inouï, Shiba, Camel, Saba, Lune, Pyro, Neko, Sorn, Timpok, Songe, Walou, Bibi, George, Martin et toustes nos ami.es espèces compagnes adorées.


Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.

« Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.

– Mais encore ? – Le collier dont je suis attaché

De ce que vous voyez est peut-être la cause.

– Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas

Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?

– Il importe si bien, que de tous vos repas

Je ne veux en aucune sorte,

Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »

Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

Jean De Lafontaine – Le Loup et le Chien (Fables)

Dans la continuité des expositions-dialogues initiées en 2018, le transpalette présente cet été une conversation canine entre les peintures et les dessins d’Henri Cueco (1929-2017) et un ensemble de sculptures inédit réalisé par Edi Dubien (né en 1963). 

La figure du chien y est centrale. L’exposition abrite ainsi une meute de corps aux significations plurielles : manifestation d’une relation intime au vivant, métaphore de la condition humaine, expression d’un amour infini envers une espèce compagne, d’une lutte contre la solitude, représentation d’une peur viscérale ou encore d’une nécessité vitale de protection. Dans l’imaginaire collectif occidental le chien adopte différents rôles. Domestiqué, il est à la fois espèce compagne, berger, gardien, guide, sauveteur, thérapeute ou compagnon de chasse. Sauvage, il est vagabond, voleur, menace, libre. Walter Benjamin écrit : “Ainsi les chiens savent se venir en aide tout seuls. Mais combien plus savent-ils aider les hommes. Je pense aux besognes ancestrales, la chasse, la garde de nuit, les randonnées que les hommes et les chiens, dans toutes les époques et tous les pays les plus lointains de la terre, ont toujours accomplies ensemble. Certains peuples très anciens, ceux de Colophon par exemple, élevaient de grands troupeaux de chiens pour la guerre. Les chiens donnaient l’assaut en premier. Mais les chiens n’ont pas seulement joué des rôles héroïques dans l’histoire, je pense à la compagnie et à l’aide qu’ils apportent aux hommes dans les mille petites choses de la vie quotidienne.”

Henri Cueco – Chiens qui sautent, 1994 / Acrylique sur toile, 130 x 162.

Henri Cueco a exploré les différentes facettes du chien, qu’il commence à représenter en 1968. Pourtant, il préfère les chats. Il peint et dessine des chiens alors que la société française est secouée par une révolution sociale et politique. Dans ce contexte, la figure canine traduit un paradoxe où il incarne à la fois la liberté et l’autoritarisme. Pendant près de vingt-cinq ans, Cueco a peint et dessiné deux catégories de chiens, les uns dressés pour chasser, les autres sauvages. Qu’ils soient domestiqués ou non, les chiens n’aboient pas, ils ne présentent pas non plus un comportement ostensiblement agressif ou dangereux. Ils occupent l’espace. Ils jouent. Ils sautent dans les airs. Ils sont à l’arrêt. Ils observent. Ils avancent. Ils cherchent. Ils errent. Ils nous regardent. Leurs corps maigres et musclés sont sont aussi des motifs que l’artiste a épuisé par la fragmentation, la démultiplication. Il les a littéralement examinés sous toutes leurs coutures.

Les œuvres d’Edi Dubien traduisent le récit d’une expérience personnelle et d’une relation intime au vivant. En ce sens, il hybride volontier les corps : chiens herbiers, architectures canines, oiseaux chiens, enfants chiens. L’artiste engendre un peuple tendre et amoureux où chaque être veille l’un sur l’autre. Le chien, l’enfant (l’artiste lui-même), les oiseaux et les végétaux sont envisagés et vécus comme un tout : le vivant. “Si tout est vivant, c’est parce que les gestes expressifs de la nature font-corps. Des faire-corps sans “le” corps, pour des subjectivités-sans-sujet. Si tout est vivant, c’est parce que la vie vit sa propre abstraction – le moindre de ses gestes étant une spéculation pragmatique sur la nature en train de se faire.” Au cœur d’un écosystème régi par des parentés amoureuses, Edi Dubien sème des indices : une maison, un casque de moto, une montagne, une paire de chaussures à talon haut, du maquillage, des colliers de perles. Ces indices sont des ingrédients autobiographiques disséminés au fil des œuvres et du parcours. Ils attestent à la fois d’expériences violentes et de la fabrication de refuges propices à la rêverie. Les chien.nes y sont des gardien.es, des êtres protecteurs, des ami.es, des amours puissants. Au plus près de ses souvenirs d’enfant et de sa vie adulte, l’artiste traduit une relation symbiotique avec des compagnons inconditionnellement fidèles et aimants. 

Edi Dubien – détail / vue atelier de l’artiste

Si les intentions et les histoires ne sont pas les mêmes, chez Cueco comme chez Dubien, le chien est bien plus qu’un motif. Il est le véhicule d’une pensée politique qui résonne puissamment avec les pensées attachées au vivant. Donna Haraway invite les lecteur.trice.s à « rejoindre le chenil », autrement dit à se rallier à la meute, à quitter un mode de pensée anthropocentrée, à retirer les colliers et à nous échapper. Elle invite au devenir-animal développé par Deleuze et Guattari. Il s’agit progressivement d’écarter les métaphores, les allégories, les personnifications et les identifications pour concevoir des fictions politiques peuplées de corps alternatifs. Pour re-mobiliser un esprit collectif, celui d’une meute protectrice. « Le groupe accroît la puissance d’agir des femmes et hommes [et du vivant dans son ensemble] ; en faisant communauté, il transforme une multiplicité désarticulée en tout capable de faire acte. Faire horde, famille, clan, société a été la première réponse pour assurer la survie et la pérennité des groupes humains [et non humain] et leur permettre d’affronter les défis que leur imposait leur environnement. »

L’exposition engage à la spéculation narrative, à la création de fictions réparatrices et émancipatrices. Au fil de notre déambulation les œuvres attestent de la disparition des humain.es adultes. Les chiens et la montagne veillent sur l’enfant endormi. Les chiens de Saqqarah errent dans le désert, tandis que les chiens de chasse déambulent dans les jardins de villas italiennes désertées par les humain.es. Il devient alors nécessairement possible de fabriquer une nouvelle société et de nouveaux récits qui trouvent un écho avec une pensée actuelle visant à se débarrasser d’un regard uniforme, anthropocentré, hiérarchique, occidental, dressé et normé.

Julie Crenn

VUES DE L’EXPOSITION par Margot Montigny ///


EXPOSITION /// Les Meutes – Henri Cueco & Edi Dubien

du 24 juin au 18 septembre 2022

VERNISSAGES _ Vendredi 24 juin à partir de 17h30

Vernissages des expositions Cueco Multiple à la Box (ENSA Bourges) à 17h30, et LES MEUTES – Henri Cueco & Edi Dubien au Transpalette à 19h.

Programme du vernissage :

17h30 > 18h30 : Vernissage Cueco Multiple à la Galerie La Box (Ensa Bourges)
19h : Vernissage Les Meutes – Henri Cueco & Edi Dubien au Transpalette (Antre Peaux)
19h30 : Discours
20h : Pot offert
20h30 : Performance Chien Jaune, Delphine Trouche (15′, Nadir)
21h : Performance musicale Pablo Cueco (50′, Nadir)
22h : Set Museau (Nadir)

+ ANTRE PEAUX / https://antrepeaux.net/les-meutes-henri-cueco-edi-dubien/

INFORMATIONS PRATIQUES :

HORAIRE DES VISITES

Exposition ouverte du 24 juin au 18 septembre

De 15h à 19h du mercredi au dimanche, hors jours fériés.

RENDEZ-VOUS :

Visites commentées le 25 juin, 9 juillet, 30 juillet, 27 août, 3 septembre et 17 septembre à 15h30, 
Gratuit, sur inscription : transpalette@antrepeaux.net

Visites en famille les derniers dimanches du mois, à 16h30
Gratuit, sur inscription : transpalette@antrepeaux.net

Atelier (date à venir).
Gratuit, sur inscription : transpalette@antrepeaux.net

CONTACT :

Mail : transpalette@antrepeaux.net
Instagram : https://www.instagram.com/transpalette_centredart/


PRESSE ///

Un commentaire

  1. Edi Dubien

    Poème d’enfant

    Je suis le petit garçon sans nom et J’ai un petit chien qui s’appelle Bill

    Bill Bill Bill Bille de Bill je te fais rouler sur mon cœur Bulle de Bill tu t’es posé sur mon cœur Bille de Bill Bulle de Bill Boule de Bill Je t aime

    Bill c’est mon chien Mon copains Ma maison Mon bonheur Bill c’est qu’un ventre On se ressemble on a les mêmes taches au cœur Il est jaloux bill Il est noir et blanc Pas tout à fait noir pas tout à fait blanc On se ressemble On assemble nos cœurs pour ce faire un monde meilleur.

    Il est entier bill il me rend mon bonheur Bill je t’aime .

    Envoyé de mon iPhone

    >

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