[EXPOSITION] JULIE CHAFFORT – EXTENSION DES MEUTES /// CHATEAU D’EAU – CHATEAU D’ART / BOURGES

JULIE CHAFFORT – Extension des meutes

Château d’Eau – Château d’art / Bourges

9 juillet – 18 septembre 2022

Une proposition de Julie Crenn / Antre Peaux

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Présentation de l’exposition _

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En parallèle de l’exposition dialogue Les Meutes : Henri Cueco et Edi Dubien présentée au Transpalette, Julie Chaffort présente au Château d’Eau un ensemble d’œuvres vidéo et photographiques où les animaux y trouvent une place centrale. L’Extension des meutes nous invite à des rencontres inattendues, aussi jouissives qu’inconfortables. Les œuvres de Julie Chaffort réveillent en effet une mémoire inscrite dans nos chairs, elles remuent quelque chose d’ancestral, d’indicible et de fondamental – quelque chose qui va bien plus loin que les limites de nos propres corps. Quelque chose qui nous dépasse et qui participe d’un chant commun. L’artiste met en scène et en œuvre une poésie invisible ou à peine perceptible. Elle nous immerge dans la vie, les vies entremêlées d’un écosystème en mouvement perpétuel et qui atteste de « la jouissance d’être vivants avec d’autres ».

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Texte de l’exposition _

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En parallèle de l’exposition dialogue Les Meutes : Henri Cueco et Edi Dubien présentée au Transpalette (Antre Peaux), Julie Chaffort présente au Château d’Eau un ensemble d’œuvres vidéo où les animaux y prennent une place centrale. L’Extension des meutes nous invite ainsi à des rencontres inattendues, aussi jouissives qu’inconfortables. 

Julie Chaffort propose un parcours labyrinthique au creux des cercles inhérents au lieu. Des corps enflammés et fantomatiques s’enlacent dans la forêt, tandis qu’un cheval les observe. Un autre cheval, dans un haras bosniaque, qui fait les cent pas dans son box, en attendant de rejoindre les étendues. Sur un radeau, cinq moutons noirs voguent à la surface de l’eau. Dans le même paysage embrumé, cinq moutons blancs dérivent de la même manière. Les présences discrètes dialoguent avec des actions plus directes. Des cowboys jouent avec des chevaux gonflés d’air. Assis près d’un tourne-disque, des chiens écoutent attentivement les hurlements de loups. Des loups blancs observent curieusement un cabri naturalisé. Un ours se trémousse sur la musique. Une meute de chiens entre en relation avec un caniche en peluche. Les êtres vivants se mêlent aux corps artificiels pour fabriquer des situations aussi absurdes qu’inédites. Chaque film manifeste ainsi une relation entre les terrestres, humains et non humains. Une relation aussi entre les corps et leurs écosystèmes : le lac, la forêt, le haras, le foyer devenu le ranch le temps du tournage, la montagne, l’enclos, l’abri.

Et puis, il y a la musique, les voix, les chants, les grognements, les hennissements, les cris, les silences, les sonorités du vivant. Le langage humain se fait entendre de temps à autre. Il ne prédomine pas. Ce sont les chants, les signaux et les musiques du vivant qui articulent la relation entre les corps, entre les présences visibles et invisibles. Le chant des oiseaux, celui du vent ou encore des arbres. La musique humaine aussi. Les souffles et les respirations. Les murmures et les frémissements. Les images sont nourries du soin, de la sensibilité et des énergies qui existent entre les êtres qui fabriquent aussi bien des langages singuliers, que des silences expressifs. En ce sens, Julie Chaffort nous invite à écouter et à apprivoiser une langue commune. Une langue plurielle qui manifeste les besoins irrépressibles des corps sonores de s’exprimer, de communiquer, de s’affecter les un.es aux autres.

Ses œuvres filmiques réveillent et agitent une mémoire inscrite dans nos chairs, elles remuent quelque chose d’ancestral, d’indicible et de fondamental – quelque chose qui va bien plus loin que les limites de nos propres corps. Quelque chose qui nous dépasse et qui participe d’un chant commun. L’artiste met en scène et en œuvre une poésie invisible ou à peine perceptible. Elle nous immerge dans la vie, les vies entremêlées d’un écosystème en mouvement perpétuel et qui atteste de « la jouissance d’être vivant.es avec d’autres ». Consciente des connexions et de l’interdépendance qui existent entre les êtres et les éléments, Julie Chaffort opère des déplacements qui participent d’une déconstruction de l’éternelle opposition fabriquée entre la Nature et la Culture. Un conflit généré par la pensée moderne occidentale pour placer les humain.es à l’extérieur du concept de nature. Assignée à l’observation, à l’exploitation, à la colonisation et à la destruction de ce qui est résumé à une simple ressource, les humain.es dominent la matière du monde. Pourtant d’autres récits existent et sont à fabriquer. Le philosophe autrichien, Fahim Amir comprend les animaux comme « des puissances capables de faire le monde. »[1] L’artiste fait joyeusement exploser cette vieille opposition au profit d’une puissante réconciliation : les humain.es, les végétaux, les arbres, l’eau, le ciel, la neige, les herbes hautes, la lumière, le vent, les animaux, la pluie, le feu agissent dans un même lieu, celui du vivant. Julie Chaffort adopte un soin particulier pour filmer cet écosystème où chacun non seulement y joue son rôle, mais aussi affecte la présence des autres. Nous assistons ainsi à des scènes inédites qui bousculent merveilleusement et poétiquement nos imaginaires encore pétris d’une opposition limitative.

 Julie Crenn, avril 2022

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[1] AMIR, Fahim. Révoltes animales. Paris : Editions Divergences, 2022, p.23.



VUES EXPOSITION par Margot Montigny ///


JULIE CHAFFORT – Extension des meutes

Château d’Eau – Château d’art / Bourges

Vernissage le 8 juillet 2022 (18h30)

CHATEAU D’EAU – CHATEAU D’ART / BOURGES _ https://www.ville-bourges.fr/site/chateau-eau

JULIE CHAFFORT _ Plus d’informations _ http://www.julie-chaffort.com/

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