A L’INTERIEUR /// MIRKA LUGOSI /// Editions Derrière la Salle de Bains

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Les dessins de Mirka Lugosi semblent comme extraits de songes inavouables. De moments évanouis où fantasmes, imaginaire et fantaisies s’entremêlent sous nos yeux. Son trait est lumineux. Sa palette est évanescente. Les paysages incarnent l’Inquiétante étrangeté décrite par Sigmund Freud : attirants et angoissants à la fois. Jalonnés de formes phalliques et fantomatiques, ces territoires lunaires sont emprunts d’une douceur érotique. Ils sont formés de formes racinaires, cellulaires ou volcaniques. Méduses, racines, chevelures, cornes et veines rythment les compositions. Certains de ces éléments surréels sont isolés et comme scrutés par l’artiste. Ainsi, elle dissèque et juxtapose le monde végétal, physiologique, animal, et nous fait entrer dans un univers exaltant.

Au cœur des forêts abandonnées, surgissent des femmes spectrales et éblouissantes. Leurs corps, nus ou enveloppés dans des combinaisons corsetées ou des robes légères, reflètent les différentes facettes de ce que peut être le féminin, la femme. Dominatrice, sensuelle, animale, rêveuse, amoureuse, mystérieuse, provocante et tentatrice. Tour à tour, seules ou à plusieurs, elles peuplent un imaginaire impudique, luxuriant et voluptueux. Tantôt magiciennes, tantôt sorcières, chevauchant des troncs chimériques. Armées de lances métalliques, elles soulèvent non sans peine le jeu du destin, les sentiments, les tourmentes et des désirs. Des postures et accessoires qui nous mènent vers une réactualisation d’une mythologie obsolète. Mirka Lugosi active de nouvelles Diane chasseresses et sensuelles, de nouvelles Aphrodite impudiques et insolentes ou encore de nouvelles Perséphone troublantes et diaphanes. Elle fabrique sa propre mythologie, dans laquelle elle apparaît de temps à autres.

Du haut de leurs talons noirs, les femmes de Mirka Lugosi se jouent des images préconçues de la femme étroitement envisagée comme le prolongement de la nature. Nous assistons à une fusion de leurs corps avec ceux de créatures hybrides ou d’éléments organiques mystérieux. Soulevant le bas de leurs robes avec un sourire non dissimulé, leurs sexes sont comme offerts et caressés par une faune et une flore surnaturelle. Ainsi, s’opère un jeu érotique et troublant. En ce sens, Mirka Lugosi met en œuvre une complexité iconographique et un répertoire personnel qui n’est pas sans nous rappeler l’imagerie d’artistes comme Frida Kahlo, Leonora Carrington, Yves Tanguy, Valentine Hugo ou Marx Ernst. Les corps fragmentés, hybridés, érotisés des femmes lugosiennes proviennent d’un imaginaire intemporel et fantasmatique. Mirka Lugosi s’inscrit dans un héritage pictural, qu’elle remodèle et transfigure. Elle offre aux femmes qu’elle crée un territoire qui leur est exclusivement réservé. Un territoire où l’imaginaire et les plaisirs sont rois et où l’interdit est inenvisageable. Au sein de paysages phalliques, les femmes s’épanouissent et jouissent d’une liberté sans limite. Elle instille une pluralité sexuelle, où les femmes badinent et se lovent. La figure masculine est aussi évoquée par la présence de créatures hybrides, de formes oblongues, dont le rôle est de satisfaire les héroïnes de Mirka Lugosi.

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