LE VENT DES FORETS /// Artpress.com

Réenchantement, Jean-Luc Verna, VdF 2010_Photo Sébastien Agnetti

Réenchantement, Jean-Luc Verna, VdF 2010_Photo Sébastien Agnetti

Trois jours en immersion au Vent des Forêts dans la Meuse. Un centre d’art pas comme les autres, établi sur 5000 hectares de forêt, le long de 45 kilomètres de sentiers, au bord desquels surgissent 199 œuvres réalisées sur place. Depuis 1997, les artistes sont invités à séjourner au cœur de la forêt meusienne, non seulement pour produire une œuvre (pérenne ou éphémère), mais aussi pour tisser d’autres liens. Le territoire du Vent des Forêts est formé de sept villages au sein desquels les habitants portent main forte à la création contemporaine. Les artistes sont hébergés et nourris par les habitants des différents villages. La collaboration ne s’arrête pas là puisqu’ils aident et assistent les artistes dans la fabrication des œuvres. Qu’ils soient retraités, agriculteurs, médecins, apiculteurs, ébénistes, pompiers, charpentiers ou assistants maternels, les habitants du Vent des Forêts apportent leurs compétences individuelles et collectives, ainsi qu’une connaissance précieuse du territoire (son histoire, ses réalités, ses contraintes, ses enjeux). Ils partagent avec les artistes ce que Chantal (assistante maternelle et cuisinière hors pair) nomme avec fierté « l’âme du vent des forêts ». Pendant quelques jours, quelques semaines voire quelques mois, les artistes s’intègrent aux vies des uns et des autres. Il s’agit alors de mettre à jour un projet dans l’échange et la convivialité. Le Vent des Forêts engage de manière concrète une action politique sur un territoire spécifique. L’art s’immisce entre les arbres, mais aussi dans les maisons, les cafés et restaurants. Les sculptures et les performances font l’objet de toutes les attentions et toutes les discussions. Chacun donne son avis, l’art amène le débat, la curiosité, la rencontre, le partage.

DAMIEN DEROUBAIX_Lilith_VDF 08-07-2015 ©Loup Godé (1)

DAMIEN DEROUBAIX_Lilith_VDF 08-07-2015 ©Loup Godé (1)

_Jennifer Caubet, Terrain d'occurrences, VdF 2012, ┬®Camille Hofgaertner

_Jennifer Caubet, Terrain d’occurrences, VdF 2012, ┬®Camille Hofgaertner

Au fil des marches en compagnie de Pascal Yonet (le directeur du Vent des Forêts), j’ai découvert des œuvres plurielles, figuratives ou abstraites. Le lien avec la nature n’est pas une donnée prépondérante, les propositions sont dans l’ensemble inédites et surprenantes. À l’exemple de la baguette magique de Jean-Luc Verna, plantée dans la terre et se dressant majestueusement entre les sapins. Lilith, un totem percutant de Damien Deroubaix, qui, sur un tronc d’arbre peint en noir et gravé a dressé le buste d’une femme polymaste aux yeux bandés. Sur ce qui fut une ancienne décharge publique, Marteen Vanden Eynde a déposé une boule géante composée d’une multitude d’objets ayant appartenu aux habitants des différents villages. Yuhsin U Chang fait surgir du sol une colonne de fumée réalisée à partir de laine de mouton. Fujiko Nakaya crée un jardin japonais traversé de brumes d’eau. À découvrir également, une installation anarchique de Sandrine Pelletier et Olivier Ducret où le bois calciné et le verre sont combinés, les bunkers-ruches de Nicolas Floc’h, le cerf-volant de Jennifer Caubet, les composants électroniques géants de Bevis Martin et Charlie Youle, les souches augmentées de têtes animales de Lionel Sabatté, les bols militants d’Ehren Tool ou encore la mise à jour de milliers de racines par Douglas White. Lors de mon court séjour, j’ai aussi rencontré Vincent Ganivet qui, depuis deux ans, met au point un four permettant la fonte d’aluminium. Au Vent des Forêts, il peut mettre à profit ses recherches pour produire des cloches en aluminium qui seront par la suite disposées dans la forêt. Toutes les expérimentations sont permises. L’alchimie s’opère entre les univers de chacun des artistes invités, le cadre naturel et les habitants. La synergie de leurs envies, de leurs projets et de leurs attentes donne au Vent des Forets un visage profondément humain et engagé. À l’heure où les modèles de production, d’exposition et de diffusion de l’art sont à repenser, le Vent des Forêts fait le pari de l’expérimentation, la mutualisation, du dialogue, de la proximité et de la sincérité.

Marteen vanden_eynde_globe_vdf2013_©guillaume_ramon (5)

Marteen vanden_eynde_globe_vdf2013_©guillaume_ramon (5)

Sandrine Pelletier & Olivier Ducret-diorama - vdf 2014-©marine calamai

Sandrine Pelletier & Olivier Ducret-diorama – vdf 2014-©marine calamai

Lionel_Sabatte_Chants_Silencieux_VdF2013_-®Guillaume_Ramon

Lionel_Sabatte_Chants_Silencieux_VdF2013_-®Guillaume_Ramon

BEVIS MARTIN & CHARLIE YOULE 10-07-2015 © Loup Godé

BEVIS MARTIN & CHARLIE YOULE 10-07-2015 © Loup Godé

——————————————————————————————————————–

+ Article en ligne / ARTPRESS

++ VENT DES FORETS

Un commentaire

  1. Ping : Julie Crenn un article dans Artpress sur le "Vent des Forêts".

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :