[EXPOSITION] Où poser la tête ? [Chap.2] /// ICAIO – Port Louis – Mauritius

Où poser la tête ? [Chap.2]
17 Novembre 2016 – 28 mars 2017
Commissariat / Julie Crenn
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Giulia Andreani – Raphael Barontini – Thierry Fontaine – Samuel Fosso – Esther Hoareau – Stéphanie Hoareau – Pascal Lièvre – Myriam Mihindou – Zanele Muholi – Deborah Poynton – Mary Sibandé – Abel Techer – Minnette Vari – Kimiko Yoshida.
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Torse sans tête, adieu à la tête, cette comparse
Qui toujours interfère
De sourires qui épient, le torse se passe
De paroles, ficelles qui nouent,
Renouent
Retiennent.

Henri Michaux – Où poser la tête ? (1985).

La question du portrait et de l’autoportrait fait partie intégrante de l’histoire de l’art, depuis les peintures pariétales jusqu’aux photographies de Cindy Sherman, en passant par les portraits du Fayoum, les peintures de Rembrandt, de Frida Kahlo, de Marlène Dumas, les sérigraphies d’Andy Warhol ou encore les sculptures de Stephan Balkenhol. Peu importe le support et la technique, les artistes représentent inlassablement non seulement leur propre visage, mais aussi ceux de leurs contemporains. Henri Michaux, poète et artiste, a su décrypter la nécessité de dessiner, de peindre, de sculpter, de photographier ou de filmer ses images de soi et d’autrui. Il s’attache notamment à l’analyse du dessin d’enfant. Dès notre plus jeune âge, le crayon à la main, nous traçons des formes, qui, peu à peu, se précisent et se révèlent : un rond dans lequel viennent s’inscrire ce qui s’apparente à des yeux, un nez, une bouche, des cheveux. « La trace linéaire laissée sur le papier lui rappelle quelqu’un, la mère ou le père ; l’homme déjà, l’homme représentant tous les hommes, l’homme même. » Rapidement les dessins se tournent vers une forme d’autoreprésentation ou bien de représentation des autres, nos proches, des êtres connus, inconnus ou imaginaires. Par extension, le dessin génère une vision de la société et plus largement du monde. Une vision multiforme que les artistes s’emploient à poursuivre, à élargir et à préciser. Les [auto]portraits agissent par échos. Alors, l’œuvre fonctionne comme un miroir à la surface duquel l’artiste, son environnement et son histoire se reflètent.

Les [auto]portraits engagent différentes questions : l’affirmation ou bien la remise en question d’un statut (celui de l’artiste), d’une identité (artistique, culturelle, sexuelle), d’une vision critique, politique, poétique des autres et/ou de soi. Ils engendrent un ensemble de sentiments à la fois complémentaires et contradictoires : le trouble, l’identification, le rejet, la crainte, l’empathie, le doute. Pourtant, la fascination prédomine, l’irrésistible tête-à-tête entre le regardeur et le sujet provoque une pluralité de réactions. Les [auto]portraits activent une dissonance et une complexité inhérentes à la nature humaine. L’exposition Où poser la tête ? est nourrie de ses différents champs de recherche, de ces différents sentiments qui façonnent l’expérience de chacun. Le titre de l’exposition est une interrogation. Où poser la tête ? Qui suis-je ? Qui es-tu ? Comment se représenter et représenter l’autre ? Que nous disent les portraits et autoportraits ? Comment se positionner dans le monde ? Comment les genres du portrait et de l’autoportrait participent à une volonté de résistance et de revendication ? De nombreuses questions posées à travers une sélection d’œuvres produites par vingt-six artistes qui ouvrent le champ de la représentation de soi et de l’autre entre l’Afrique, la zone Océan Indien, l’Asie et l’Europe. Les œuvres formulent un dialogue où les regards politiques et poétiques se croisent et s’entrechoquent selon différents axes de réflexion : le portrait – la réactualisation d’un genre traditionnel, l’archive, le corps politique, l’intime, le masque et la performativité de soi. Les œuvres attestent d’une ambiguïté constante et d’une pluralité (des formes et des discours) nourrie de mouvements et de perturbations. Les problématiques politiques traversent l’exposition en questionnant les identités, l’histoire, la mémoire et le genre. Qu’ils soient traités de manière directe ou indirecte, les portraits et les autoportraits traduisent un mouvement, celui d’une performance continuelle des corps, des identités et des idées.

Julie Crenn

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Où poser la tête?

[where should I rest my head?]

The portrait and the self-portrait have always played an integral role in the history of art. From prehistoric cave paintings to the conceptual photography of Cindy Sherman, through the Fayum Mummy portraits, the paintings of Rembrandt, Frida Kahlo, Marlène Dumas, the silk-screen prints of Andy Warhol, or the sculpture of Stephan Balkenhol – beyond memory, artists have continually felt the urge to portray the faces of their contemporaries, as well as their own.
The poet and artist Henri Michaux’s explanation for this, begins with the early drawings of children. From a tender age, pencil in hand, we trace figures which gradually reveal a circle within which is inscribed a rudimentary pair of eyes, a nose, a mouth and hair. “The linear mark left on the page reminds him of someone: the mother or the father. Man already. Man representing all men. Man himself.” Rapidly these drawings evolve to include representations of the child himself and of other people – real and imaginary, known and unknown – beyond the mother-father nucleus; which in turn will originate an understanding of society and further still: of the world. A composite vision artists will continuously labour at in an effort to expand and refine; portraits and self-portraits echoing their worlds, their environments and their stories like so many mirrors.
Portraits and self-portraits also question the individual’s numerous facets, the security of his status, his identity (artistic, cultural, sexual etc.), his vision, and his perception and judgement of others and of himself. They inspire a profusion of feelings both complementary and contradictory. Disorder, recognition, rejection, fear, empathy, doubt: the encounter between the observer and the subject is never benign. Before these portraits and self-portraits, we are reminded once again of man’s inherent and fascinating complexity. Before these portraits and self-portraits, we fluctuate between dissonance and harmony, alternate between the familiar and the unknown.
The exhibition Où poser la tête? (where should I rest my head?), is fashioned by individual experience and research and asks more than just one question. Who are you? Who am I? How do I depict you/myself? What are portraits and self-portraits trying to achieve? How should I position myself in the world? How do different styles inspire resistance and, if so, resistance to what? How do they highlight different claims? These are but a few of the many questions the selection of works comprising Où poser la tête?, ask; and that with the help of 26 artist from Africa, Europe, Asia, and the Indian Ocean.
These works of art shepherd a discussion where poetic and political points of view meet and lock horns; and where the beholder is invited to explore different avenues of reflection: the portrait – a traditional art form; archiving; the body, intimacy, masks, and the performative self. The works document a constant ambiguity and a plurality nourished by movements and by occasional exceptions. Political questions span the exhibition, challenging identities, history, memory, and gender. Whether our approach is strict, informal, strictly informal, or informally strict, portraits and self-portraits express a drive: that of constantly rendering the body, identities, and ideas.
Julie Crenn

VUES EXPOSITION /

INSTITUTE OF CONTEMPORARY ART INDIAN OCEAN

++ FRAC REUNION

+++ OU POSER LA TETE ? [Chap.1]

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  1. Ping : [EXPOSITION] Où poser la tête ? [Chap.3] – Wo soll mein Kopf ruhen? /// Galerie DUKAN – Baumwollspinnerein, Leipzig | Julie Crenn

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