Qui jamais voulu pénétrer l’œuvre, franchir la barrière entre l’espace public et l’espace sacré d’une œuvre ? Les Hautes Eaux est une création à vivre, à expérimenter. Il s’agit ici de créer son propre parcours. Un chemin qui ne s’annonce pas sans embûche et sans risque. Toucher, regarder et ressentir. Les brindilles de Julien Pol ne sont ni cassantes ni fragiles. Ce sont des liteaux de bois délicatement recouverts d’une peinture dorée. Eléments entrecroisés d’une charpente inédite et improbable. Celle d’une cellule aérée où la lumière et les déambulations participent son fonctionnement. Les brindilles articulent l’espace avec lequel l’expérience sensorielle est permise avec la plus grande des libertés.
L’origine du projet vient des origines du plasticien : Venise. Chaque année la lagune est submergée d’eau – Acqua Alta – Les Hautes Eaux – la montée des eaux. Entre l’automne et le printemps, la mer reprend ses droits et inonde l’espace urbain, habité. Sous l’eau, les fastes et joyaux d’une ville. Les liteaux dorés incarnent ce patrimoine scintillant. Tout comme la marée complique les déplacements dans la ville, il nous faut contourner et faire corps avec les brindilles pour nous frayer un passage. Un indice essentiel pour appréhender l’installation, auquel vient s’ajouter la topographie du de son écrin. En effet, Les Hautes Eaux a été conçu pour être installée au premier étage des Quais Hennessy. Lieu où est précieusement conservée l’histoire du Cognac, sur les bords dela Charente. L’histoire du plasticien vient croiser celle du lieu qu’il investit. Julien Pol formule un dialogue spatial entre l’œuvre et l’architecture, tous deux liés par la lumière naturelle qui les traverse. Elle vient ricocher sur les brindilles dorées qui créent à leur tour des halos lumineux sur le sol et les murs.
À l’intérieur d’une architecture extrêmement contemporaine, précieuse et baignée de lumière, Les Hautes Eaux se déploie au sol du premier étage. Nous sommes immergés dans un espace où les références s’entremêlent, est-on sous l’eau ou sur terre, dans une forêt, un étrange marais, un bâtiment qui aurait subi les affres du temps et des éléments naturels ? Tel un chaman, Julien Pol rassemble des éléments aussi différents que l’eau, la lumière, le bois, l’or et le mouvement des corps pour transcender l’espace et apporter une magie à la fois sobre et grandiose.