EXPOSITION [COMMISSARIAT] /// W/W – Art, Femmes et Guerre /// Maison des arts – Rosa Bonheur [Chevilly-Larue]

 

WW

ARTISTES /

Giulia Andreani – Béatrice Cussol – Morgane Denzler – Hippolyte Hentgen – Mélanie Lecointe – Léa Le Bricomte – Sandra Lorenzi – Maude Maris – Tania Mouraud – Delphine Pouillé – Claire Tabouret – Brigitte Zieger.

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Maison des arts – Rosa Bonheur / Chevilly-Larue

12 Mars – 23 avril 2016

Vernissage le samedi 12 mars à 18h30

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PRÉSENTATION DU PROJET /

 Je dirais que les livres de guerre m’ennuient à mourir. Je déteste le point de vue masculin. Je suis lassée par son héroïsme, sa vertu, son honneur. Je pense que la meilleure chose que les hommes puissent faire est dorénavant de ne plus parler d’eux-mêmes.

 Virginia Woolf – The Pargiters (21 janvier 1931).

 En septembre 2014, a débuté le projet curatorial Sans tambour, ni trompette – Cent ans de guerres, une exposition formée de cinq chapitre qui ont été et seront présentés en France (Houilles, Caen), en Belgique et en Pologne. Le projet qui s’égraine entre 2014 et 2018 est pensé comme une réponse à la commémoration du centenaire de la Grande Guerre. Dans ce cadre, les artistes présentent des œuvres traitant de la Première Guerre, de la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi de tous les autres conflits ayant éclaté pendant un siècle. À Houilles et à Caen, il était alors question de la Guerrilla en Colombie, de l’Irak, de l’Afghanistan, du Liban, du conflit israélo-palestinien, de la Syrie, du conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie ou encore de l’Ex-Yougoslavie.

La réflexion à la fois historique, plastique et critique développée depuis 2014, a peu à peu mené vers différents questionnements : comment s’effectue une commémoration et que signifie-t-elle aujourd’hui ? Quels sont les moyens de transmission d’une mémoire à la fois personnelle et collective ? Qui construit le récit de l’Histoire ? De quel point de vue est-il envisagé ? Quels sont les manques, les oublis, les impasses et les exclusions ? En ce sens, la question du rôle et du statut des femmes au sein de l’histoire des guerres y trouve une place prépondérante. Victimes, combattantes, résistantes, tortionnaires ? Comment sont-elles perçues ? Walter Benjamin écrit qu’il faut « brosser l’histoire à rebrousse-poil », une histoire collective dont le récit est dicté par les vainqueurs, écartant de fait les vaincus. Les femmes, ainsi que toutes les communautés en situation d’oppression, s’inscrivent en marge d’un récit qu’il nous faut ajuster.

Brigitte Zieger

Brigitte Zieger

Il est souvent dit que les femmes ne font pas la guerre, c’est une affaire d’hommes. L’imaginaire collectif n’envisage pas les femmes en arme. Seraient-elles plus pacifiques que les hommes ? En quoi, du fait de leur genre, seraient-elles différentes ? Il est important de mettre à mal un lieu commun qui consiste à penser les femmes comme des êtres de paix, des êtres aimants dénués de toute volonté guerrière, de toute forme d’agressivité ou de violence. Face à la guerre, nous savons que les femmes (et les enfants, des êtres « vulnérables » qui sont pensés sur un même plan) sont les premières victimes des violences sexuelles, des tortures ou des enlèvements. Nous sommes moins informés sur l’action des femmes. Réduites à l’attente ou à la victimisation, elles sont invisibles, épargnées, impuissantes. Leur engagement a volontairement été gommé. Parce qu’elles sont traditionnellement exclues de la vie politique, les femmes ont trop longtemps été écartées de l’Histoire.

Hippolyte Hentgen De la série les résistantes, 2016 Encre sur papier 160 x 120 cm Photo: A. Mole Courtesy Semiose galerie, Paris.

Hippolyte Hentgen
De la série les résistantes, 2016
Encre sur papier
160 x 120 cm
Photo: A. Mole
Courtesy Semiose galerie, Paris.

Les textes de Virginia Woolf ou d’Hannah Arendt, les témoignages des résistantes, ainsi que les récentes publications sur les femmes et les guerres, engagent à lire l’histoire des guerres d’un autre point de vue. Avec d’une part un visage glorieux, celle des femmes résistantes : les Soldaderas actives pendant la Révolution mexicaine au début du XXème siècle ; l’investissement massif des femmes qui ont tenu la France en activité pendant la Première Guerre ; celles, qui, aux côtés des hommes, ont mené la Résistance face au nazisme ; les combattantes indépendantistes algériennes, ou encore celles, qui, aujourd’hui, combattent pour la paix et la liberté. Et d’une autre part, un visage aussi destructeur que celui des hommes. Les femmes ne sont pas seulement des veuves, des réfugiées ou des infirmières, elles sont aussi des combattantes, des espionnes, des coordinatrices, des stratèges, des gardiennes ou des tortionnaires. À la vision angélique disséminée par la pensée dominante, se juxtapose la réalité : les femmes, comme les hommes, prennent les armes et assument des rôles actifs dans l’atrocité. Auxiliaires ou en première ligne, il existe de nombreux exemples de femmes au combat : les 6 000 femmes soldats engagées dans l’armée russe pendant la Première Guerre (avec le « Bataillon féminin de la mort » mené par Maria Bochkareva) ; les SS-Gefolge, les surveillantes des camps de concentration nazis ; les 40 000 femmes soldates de l’armée américaine sont envoyées sur le front pendant la Première Guerre du Golfe (Women’s Army Corps) ; mais aussi les femmes actives au sein des armées régulières de pays comme la Nouvelle-Zélande, la Serbie, l’Allemagne, la Finlande, Israël, l’Italie ou la France. Peu importe l’époque et le contexte, les femmes sont aussi bien les victimes que les bourreaux. À ce sujet, Charlotte Lindsay écrit : « Un conflit armé, qu’il soit international ou non international, inflige d’immenses souffrances à ceux qui y sont confrontés. Les femmes vivent la guerre d’une multitude de façons – elles peuvent y participer activement en qualité de combattantes ou être prises pour cible en tant que membres de la population civile, uniquement parce qu’elles sont femmes. Pour les femmes, toutefois, la guerre ce n’est pas seulement le viol – beaucoup, heureusement, ne subissent pas cette violation monstrueuse – c’est aussi la séparation, la perte de proches et des moyens de substance, la douleur, le dénuement. La guerre contraint les femmes à assumer des rôles inhabituels et à acquérir des compétences nouvelles pour survivre. »[1]

Mélanie Lecointe

Mélanie Lecointe

Les femmes sont autant exclues de l’histoire de la guerre que de l’histoire de l’art. Homogène et uniforme, le sexisme ne fait pas le tri. Jusqu’aux années 1960-1970, le récit de l’Histoire est unilatéralement masculin. Un récit que les historien(ne)s, les théoricien(ne)s et les militant(e)s s’appliquent à fouiller et à compléter. Le chantier est encore immense. L’exposition W/W (Women & War) – Arts, femmes et guerre tend à joindre deux territoires dominés par les hommes : l’art et la guerre. Quels regards portent les femmes artistes sur les guerres, passées et présentes ? Par quels angles l’abordent-elles ? Comment participent-elles à la reconstruction du récit ? Comment se positionnent-elles par rapport à la mémoire et à la transmission d’une histoire traumatisée et traumatisante ? Quelles formes, quelles images et quels mots lui associer ? Si des artistes comme Brigitte Zieger, Giulia Andreani, Sandra Lorenzi, Morgane Denzler, Tania Mouraud et Léa Le Bricomte explorent la guerre à travers ses archives et ses objets, d’autres artistes comme Béatrice Cussol, Hippolyte Hentgen, Mélanie Lecointe, Maude Maris, Delphine Pouillé et Claire Tabouret se confrontent au sujet. Au sein de leurs pratiques respectives (peinture, sculpture, photographie, écriture, dessin et vidéo), elles portent une conscience aiguë de l’Histoire et de l’actualité, de leurs images et de leurs traitements. Par le prisme du corps, des archives, de l’architecture, de la mémoire, les artistes adoptent un point de vue critique visant une histoire collective amputée, partielle et incomplète.

Julie Crenn, décembre 2015

Morgane Denzler

Morgane Denzler

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Notes /

[1] LINDSAY, Charlotte. « Les femmes et la guerre », in Revue Internationale de la Croix Rouge, septembre 2000.

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W/W – Art, Femmes et Guerre

Maison des arts – Rosa Bonheur / Chevilly-Larue

12 Mars – 23 avril 2016

Vernissage le samedi 12 mars à 18h30

communiqué expo WW

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INFORMATIONS PRATIQUES ///
 
Visite libre.
Lundi, mardi : 14h à 19h
mercredi, jeudi, vendredi : 14h à 17h30
samedi : 14h à 18h
Accès : RER B bourg la reine + bus 192 station « Eglise » / Métro ligne 7 « Villejuif louis Aragon » + bus 286 station «Lallier ».

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 /// Samedi 26 mars ///

RENCONTRE / DÉBAT
Entrée libre
Samedi 26 mars [ 18h ] à la Médiathèque Boris Vian

Quel est le rôle, les combats, le statut des femmes dans la guerre la Première Guerre Mondiale, mais aussi tous les conflits de notre époque contemporaine ?
Quels regards les femmes artistes portent-elles sur la guerre, son histoire, sa mémoire et sa transmission. Comment abordent-elles le sujet ? Par la peinture, la photographie, la sculpture, le dessin, la vidéo, le son, l’installation ou encore le collage, les artistes s’emparent des images (les archives visuelles) de la guerre, mais aussi des objets, des textes et des témoignages. Artistes et conservatrices de musées discuteront aussi de la situation des femmes artistes sur la scène contemporaine : quelles sont les améliorations par rapport à la visibilité de leur travail et leur statut ? Quels problèmes subsistent ? Comment y remédier ? Chacune des intervenantes fera part de son expérience pour comprendre une réalité où les inégalités persistent. Autant de questions qui seront abordées lors de cette table ronde avec Delphine Pouillé, Sandra Lorenzi, Béatrice Cussol, Emilie Bouvard (Conservatrice au Musée Picasso) et Annabelle Ténèze (Directrice du Musée d’Art Contemporain de Rochechouart).
Avec Julie Crenn, Commissaire de l’exposition et modératrice.

Renseignements pratiques /

Médiathèque Boris Vian

25 avenue Franklin Roosevelt

94550 Chevilly-Larue

T° : 01 45 60 19 90

+ http://mediatheque.ville-chevilly-larue.fr/search.php?action=Accueil


PRESSE /

« W/W – ART FEMMES ET GUERRE », MAISON ROSA BONHEUR

 

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