La nouvelle exposition de Nicolas Floc’h nous plonge, au sens propre comme au sens figuré, dans un paysage immergé, celui des fonds marins. Elle constitue à la fois le résultat de plus de sept années d’exploration de paysages mal connus, mais aussi les prémices d’une recherche au long cours. Une recherche protéiforme mêlant photographie, sculpture, peinture et performance qui se déploie dans chacun des espaces du FRAC Bretagne. Dès l’entrée, nous sommes confrontés à La Tour Pélagique (2008), une œuvre formée d’un filet de pèche monumental (125 x 125 x 300 mètres) plié et compacté. Il prend une forme rectangulaire dont les mesures correspondent à celles de la Tour Eiffel. Deux constructions humaines sont confondues dans leurs échelles. Le filet de pèche renvoie à l’espace marin que Nicolas Floc’h explore depuis de nombreuses années pour en comprendre le fonctionnement, le rayonnement, les mystères, l’importance et l’urgence. La première galerie est consacrée aux Villes Immergées, un travail de reconnaissance et d’inventaire des récifs artificiels. Les fonds marins en compte plusieurs milliers de ces villes englouties (pas moins de 20 000 au Japon), constituées de constructions en béton, géométriques et modulaires. Les récifs sont des habitats qui participent à la préservation et la régénération de la faune et la flore marine. À la manière des Becher, l’artiste photographie, sans aucun artifice lumineux, les architectures sous-marines. Les photographies en noir et blanc font état de motifs et de formes qui rappellent celles de l’art minimal. Dans l’espace d’exposition sont disposées au sol une quarantaine de sculptures en béton qui reprennent les formes des modules photographiés. La plongée est visuelle et physique. Un rapport accentué dans la seconde salle, où les sculptures et les photographies des paysages sous-marins de l’île d’Ouessant adoptent des formats plus généreux. Le regardeur entre dans l’image pour en apprécier la profondeur, le grain particulier, le silence. Les deux premières salles sont dominées par le blanc, le noir et le gris. Une gamme chromatique qui renforce à la fois les valeurs objectives et documentaires du projet, qui apporte également une lecture plus critique quand à l’état alarmant des mers et des océans. L’exposition est intitulée Glaz, un terme breton désignant la couleur de la mer, un camaïeu allant des bleus vers les verts. Une couleur indéfinissable, insaisissable, à laquelle Nicolas Floc’h a souhaité trouver une traduction plastique. Dans la grande galerie, les murs sont entièrement recouverts d’un pigment bleu extrait d’un phytoplancton (une cyanobactérie). Nous sommes immergés dans la couleur bleue. De part et d’autre de l’espace, deux œuvres se font face : près de l’entrée, un néon représente le dessin des mouvements et des gyres du Gulf Stream ; plus loin, l’artiste a installé un bioréacteur lumineux à l’intérieur duquel se développe le phytoplancton. La lumière, de part et d’autre de l’espace, croise les bleus et les verts, formant une peinture productive. L’exposition entremêle avec subtilité les courants artistiques, les médiums, mais aussi les préoccupations esthétiques, scientifiques et politiques.
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ça à l’air vraiment génial cette exposition Bises
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