[EXPOSITION] CORALINE DE CHIARA – ECHOES /// Galerie Claire Gastaud

In labyrinths of coral caves
An echo of a distant time
Comes willowing across the sand
And everything is green and submarine

And no one called us to the land
And no one crosses there alive
No one speaks and no one tries
No one flies around the sun

Pink Floyd – Echoes (1971)

L’œuvre de Coraline de Chiara repose sur une manipulation de l’image – objet de sa recherche dont elle annule les frontières et les classifications. Qu’il s’agisse de dessin, de collage, de vidéo ou de peinture, elle « étire l’image ». Celle-ci est travaillée par la superposition et la juxtaposition pour en troubler le sujet et créer une illusion. Les livres, que l’artiste envisage comme des « objets de pouvoir » représentent une source d’inspiration intarissable. Ils renferment des secrets, des histoires, des images, une mémoire endormie. Sortis des bibliothèques, les livres délaissés, dont le contenu en état de sommeil, ouvrent pourtant des territoires insoupçonnés que l’artiste se plaît à réinvestir et à réactualiser. Une vidéo (Echoes, 2018) présente les mains d’une personne feuilletant l’Encyclopédie illustrée du monde végétal (1971). Par la manipulation de l’objet, les images surgissent, l’archive devient vivante. Comme le démontre le grand mur de l’exposition : l’image est ainsi envisagée dans sa pluralité et sa complexité. Coraline de Chiara opère à des variations entre les échelles, les bavardages, les silences, les révélations, les brouillages et les engourdissements des images récoltées.

Au fil des pages, elle prélève des photographies de statuettes, de motifs, de paysages, de cartes, de peintures ou encore d’objets anthropologiques. Les images constituent une collection de trésors que l’artiste ne cesse de nourrir et développer. Les sujets et les objets sélectionnés proviennent de différentes époques, civilisations et géographies. Les images apparaissent comme les fragments d’une histoire collective envisagée sans limites ni de temps ni d’espace. Décontextualisées et combinées à d’autres documents qui agissent comme des calques, elles semblent flotter dans l’espace-temps. Coraline de Chiara retient une image pour sa signification, sa portée (historique, artistique, culturelle, ethnologique, géologique, politique), mais aussi pour ses qualités plastiques, ses aspérités et ses singularités. Avec une dextérité technique incontestable, elle procède à un travail de reproduction à la mine de plomb ou à la peinture à l’huile. Elle prend soin de restituer le grain, la texture, la lumière, la couleur, la transparence, la brillance d’un papier plié, la rigidité d’une tête d’éphèbe en pierre et d’un silex, le silence d’une déambulation dans un labyrinthe, d’une réserve du Louvre, d’un paysage de montagnes embrumé ou d’une épave sombrée au fond de l’océan.

La peinture et le dessin sont les médiums de prédilection de Coraline de Chiara. Sur la toile et sur le papier, elle reproduit avec fidélité les images récoltées. Elle respecte les codes couleur, la trame d’impression, les détails, les défauts. Couche par couche, le sujet est révélé. « Lorsque je peins, je pense aux différents niveaux de lecture et aux strates de couleurs. Une couleur est toujours la résultante de plusieurs additions de couleurs superposées. » Le respect de l’image source trouve ses limites avec l’injection d’accidents et d’éléments perturbateurs. En effet, pour ne pas réduire la transposition de la photographie en peinture à une simple compétence technique, elle introduit, non sans malice et ironie, des éléments intrus inhérents au travail d’atelier : un scotch de papier déchiré, une rature, un post-it, une note, une mesure, une pliure, une feuille de papier calque ou de papier millimétré. L’artiste voile et filtre les images pour se jouer de notre perception. Elle recouvre également les images de cires colorées fondues. Tel un baume, la cire atténue le bruit de l’image. La matière sourde éteint ou révèle ce qu’elle enrobe. Travaillés en trompe-l’œil, ces vestiges de la cuisine de l’image s’imposent, s’incrustent et nous offrent quelques indices sur la construction de l’œuvre. Ils contredisent la rapidité du déclencheur photographique et installent un autre temps, celui de la peinture. Ses éléments fonctionnent à la fois comme des marques d’appropriation des images, mais aussi comme un moyen de les repenser et de les réinvestir d’une nouvelle histoire et d’une nouvelle temporalité.

Au fil des œuvres, Coraline de Chiara construit un paysage transculturel au sein duquel elle articule une pluralité de figures, mythologiques et anonymes, de matériaux et de motifs. Un paysage, une nouvelle géographie dont la carte se déplie à l’infini. Un paysage d’images persistantes, de lucioles ranimées. Les œuvres, pensées comme des collages, s’associent et engendrent de nouvelles ramifications qui résonnent alors comme la promesse de nouveaux territoires à fouiller et à expérimenter. Parallèlement, en analysant l’histoire de la peinture, son passé et son devenir, ses antagonismes, son exécution, elle arpente le territoire de la peinture. D’Ellsworth Kelly à Malcolm Morley en passant par Brice Marden, Pierre-Henri de Valenciennes et Jean-Baptiste Corot, ses références et ses inspirations engendrent un décloisonnement. À l’écoute des différents débats et des agitations souvent superficielles, elle tend à s’extraire des carcans picturaux pour mieux les fondre et les confondre.

Julie Crenn

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VUES DE L’EXPOSITION ///

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EXPOSITION / Coraline de Chiara – ECHOES

Commissariat : Julie Crenn

Vernissage le 17 janvier 2019.

17 janvier – 3 mars 2019

Galerie Claire Gastaud

TELECHARGER /// Dossier de Presse – ECHOES – Coraline de Chiara

7 rue du Terrail
63000 Clermont-Ferrand
France
Tel. 00 (33) 4 73 92 07 97

14h / 19h 
Tuesday-Saturday, mardi -samedi

GALERIE CLAIRE GASTAUD – Clermont Ferrand

++ CORALINE DE CHIARA

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