Julia Piccolo extrait la matière textile d’une dimension assignée – dans l’imaginaire collectif et patriarcal – aux femmes, à l’espace domestique et à un ensemble de savoir-faire artisanal. Elle explore ainsi la plasticité de la matière tissée pour l’amener vers d’autres territoires comme l’architecture, les arts décoratifs, l’espace virtuel et conceptuel. Usant de techniques plurielles (peinture, sculpture, outils technologiques), l’artiste établit ainsi une relation organique entre l’espace et les œuvres souples qui épousent et s’adaptent au milieu investi.
Le lien intime entre l’architecture et les matériaux textiles est ancestral. Les fibres et les peaux sont en effet travaillées pour la confection de vêtements ou d’habitats nomades. Elles convoquent différentes notions : l’abri, la protection, le corps-à-corps, la vulnérabilité, le foyer intime. Il s’agit alors d’envisager les membranes coexistentes : la peau humaine, plus qu’humaine, les fibres végétales et animales. Une fusion aussi consciente qu’inconsciente opère entre l’espace, les fibres et les corps visibles et invisibles. Strate par strate, Julia Piccolo fouille une histoire immémoriale qui lie le genre humain aux fibres et aux fils. Il s’agit alors de former des accumulations d’histoires personnelles et collectives, l’artiste parle d’ailleurs d’extrusions lorsqu’elle évoque les sculptures polychromes. L’extrusion renvoie à une matière qui s’étire mécaniquement dans une forme infinie. C’est aussi de cette manière qu’elle envisage la peinture qui mesure plus d’une vingtaine de mètres de long et génère un étrange paysage.
Il existe ainsi une relation poreuse entre les médiums et leur habitat. La sculpture se fond dans la peinture et inversement. Dotées de formes à la fois numériques et organiques, elles sont aussi liées par les couches successives marquées de couleurs tranchées et de motifs pluriels. Ces derniers font appel à nos mémoires, à nos expériences réciproques. A l’image de carottages de vies, les œuvres convoquent une histoire ample et collective qui ne connaît ni vraiment de temporalité, ni vraiment de frontière. Une histoire aussi compactée que dépliée de nos existences passées, présentes et futures dont Julia Piccolo visibilise les mouvements, les perméabilités et les profondeurs.
Julie Crenn

VUES EXPOSITION :::











Vue de l’exposition « Stretch » de Julia Piccolo, Diagonale, 2023 © alignements / View of the exhibition « Stretch » by Julia Piccolo, Diagonale, 2023 © alignements
STRETCH
JULIA PICCOLO
20.04-3.06
Vernissage 20.04, 18h
Plus d’informations ::: http://www.artdiagonale.org/en-cours.html
Site internet de l’artiste ::: https://juliapiccolo.com/
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